Un bataillon de l'armée allemande sera stationné en France
Le symbole n'aura évidement échappé à personne. Vingt ans après la création de la brigade franco-allemande (BFA), Paris et Berlin ont signé un accord qui entérine le stationnement d'un bataillon allemand de ce corps dans l'est de la France.
C'est la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale qu'une unité allemande va prendre ses quartiers sur le sol français. Plusieurs centaines de militaires allemands sont déjà affectés en France, notamment au quartier général de l'Eurocorps à Strasbourg. Mais il s'agit surtout d'officiers. Cette fois, il s'agira d'une unité combattante.
Soixante-quatre ans après la Libération, le sujet ne laisse toujours pas indifférent. De nombreux Français gardent encore le souvenir des accents rauques, du pas cadencé, du goût de la peur et de l'humiliation que les armées d'Hitler ont imposé au pays.
Cicatriser les plaies de l'Histoire
Et c'est justement pour conjurer ces souvenirs que cette unité va s'installer en France. Un pas de plus dans la réconciliation franco-allemande, entamée dès la fin de la guerre par les pères de l'Union européenne pour éviter un nouveau conflit, et poursuivie depuis par les dirigeants des deux pays, à commencer par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer.
_ Le volet militaire de cette réconciliation est le plus lourdement chargé de symboles. Le premier grand pas a été la création d'un conseil franco-allemand de défense en 1985, suivi de de la brigade franco-allemande en 1989.
Jusqu'ici, cette brigade (2.300 Français et 2.800 Allemands) était stationnée à l'ouest de l'Allemagne, à Donaueschingen, Immendingen et Villingen.
Dans le cadre de la réduction des effectifs des armées françaises, décidée par Nicolas Sarkozy, Paris avait envisagé de rapatrier ou de dissoudre les deux régiments français de la BFA, le 3e régiment de Hussards de Immendingen et le 110e régiment d'infanterie de Donaueschingen.
En juillet 2008, Angela Merkel avait toutefois jugé qu'il serait “très dommage” de dissoudre la BFA, “noyau d'une politique de sécurité et de défense européenne”.
Le Premier ministre François Fillon avait jugé pour sa part “tout à fait
intéressante et symbolique” l'hypothèse d'une implantation en France d'unités allemandes.
_ Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, M. Sarkozy devrait conserver en Allemagne le régiment d'infanterie à Donaueschingen et rapatrier en France les hussards d'Immendingen.
Grégoire Lecalot, avec agences
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