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Trésor nazi : les chefs d'oeuvre de Munich se dévoilent

Après avoir été critiquées pour leur silence, les autorités allemandes ont entrouvert une fenêtre sur le "trésor nazi" de Munich. Elles ont mis en ligne, sur un site Internet, une partie des quelque 1.500 oeuvres d'art retrouvées en 2012 dans l'appartement plein d'ordures d'un octogénaire.
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Michael Dalder Reuters)

Vingt-cinq photos de chefs d'oeuvre d'art, appartenant à ce que l'on appelle désormais le "trésor nazi" de Munich, ont été mises en ligne sur Lostart.de. Le site Internet, édité par la cellule de coordination fédérale se consacrant à l'art disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, étaient visibles mardi des oeuvres de Marc Chagall, Eugène Delacroix, Otto Dix ou encore Matisse et Daumier.

Elles font partie de la collection découverte presque par hasard début 2012 par les douanes allemandes dans l'appartement plein d'ordures d'un octogénaire, Cornelius Gurlitt, fils d'un marchand d'art au passé trouble sous le nazisme.

Depuis plusieurs jours, les critiques s'étaient multipliées. Médias, experts et responsables de la communauté juive protestaient contre l'apparente lenteur des recherches sur la provenance des oeuvres, dont certaines proviendraient de la spoliation de juifs sous le nazisme.

Des indices importants sur l'origine des oeuvres

Les autorités allemandes avaient déjà été l'objet de critiques sur le silence dont elles avaient fait preuve pendant plus de un an. Car si les oeuvres ont été découvertes en 2012, il a fallu attendre 2013 et les révélations du journal allemand Focus pour découvrir l'existence des 1.406 oeuvres d'art.

"Afin de contribuer à la transparence et d'aider à la recherche sur (leur) provenance , (25 oeuvres) pour lesquelles des indices importants font apparaître qu'elles pourraient avoir été saisies dans le cadre des persécutions national-socialistes ", sont dans un premier temps présentées sur la plate-forme web de la cellule de coordination, ont annoncé dans un communiqué commun lundi soir le gouvernement fédéral allemand et celui de l'Etat régional de Bavière.

Une force opérationnelle d'experts mise en place

Le site est très difficilement accessible mardi, sans doute en raison d'un afflux de visiteurs. Il doit être "régulièrement actualisé ", ont précisé les autorités dans leur communiqué. Sur un total de 1.406 oeuvres retrouvées (peintures, esquisses, dessins...), 970 doivent être examinées par des experts et 380 sont considérées comme appartenant à "l'art dégénéré", concept désignant dans le jargon nazi, tout ce qui ne rentrait pas dans la définition restrictive de l'art du Troisième Reich.

Une "force opérationnelle d'au moins six experts ", placée sous la responsabilité de la ministre-adjoint de la Culture, Ingeborg Bergreen-Merkel, a également été mise en place pour enquêter sur la provenance des oeuvres. Jusqu'à présent, seule une scientifique, Meike Hoffmann, spécialiste de l'"art dégénéré" au sein de l'Université libre de Berlin, travaillait sur ces oeuvres auprès du parquet d'Augsburg en charge de l'enquête judiciaire.

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Mardi matin, le représentant en Allemagne de la "Conference on Jewish Material Claims against Germany" (organisation en charge de la restitution de biens spoliés en Allemagne), Rüdiger Mahlo, a souhaité que son institution soit présente au sein de la "force opérationnelle" et que toutes les oeuvres soient visibles sur le net "si possible avant la fin de l'année ", dans une interview à la TV publique ZDF.

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