"Théorie du genre" : pressions sur les bibliothèques
Manifestement, le Printemps français, groupe plutôt radical d'opposants au mariage homosexuel, se sent pousser des ailes. Leur présidente Béatrice Bourges explique benoîtement : "On demande aux parents d'appeler les bibliothèques, d'appeler les mairies pour que ces livres soient retirés des rayonnages" .
Quels livres ? Ceux qui, selon elle, prônent la théorie du genre : "Les livres qui mettent dans la tête d'une petite fille ou d'un petit garçon qu'ils ne sont pas forcément fille ou garçon en fonction de leur sexe biologique mais qu'ils décideront quand ils seront plus grands, ces livres-là doivent être mis à part."
"Des prises de positions partisanes et extrêmes"
L'Association des bibliothécaires de France, qui regroupe 3.000 adhérents, se dit en "désaccord profond avec ces prises de positions partisanes et extrêmes" . C'est le rôle des bibliothèques et des bibliothécaires de "proposer au public des livres pour toutes et tous et sur tous les sujets pour favoriser les débats, lutter contre les prescriptions idéologiques et donner aux enfants comme aux adultes les clés pour comprendre le monde dans lequel ils vivent" .
Plus radical, Bibliothèques sans frontières estime que ces pressions relèvent de "l'obscurantisme, d'une sorte de fanatisme", et d'un "manque de confiance en la capacité des Français à se faire une opinion par eux-mêmes" , selon Patrick Weil, le président de BSF.
Une trentaine de bibliothèques visées
Il faut dire que Jean-François Copé a ouvert une brèche ce week-end, en s'en prenant violemment à Tous à poil , un livre sur la nudité. Un ouvrage recommandé aux enseignants de primaire, disait-il. En fait, selon le gouvernement, il s'agit juste d'un livre recommandé par une association qui encourage à la lecture dans la Drôme et l'Ardèche...
Lundi soir, la ministre de la Culture est montée au créneau pour dénoncer les "pressions" exercées par des "mouvements extrémistes" contre une trentaine de bibliothèques. Ces groupes, dit Aurélie Filippetti, "somment" le personnel "de se justifier sur leur politique d'acquisition, fouillent dans les rayonnages avec une obsession particulière pour les sections jeunesse, et exigent le retrait de la consultation de tout ouvrage ne correpondant pas à la morale qu'ils prétendent incarner" .
Ont été notamment visées, selon le gouvernement, les villes de Versailles, Rennes, Nantes, Dole, Toulon, Lamballe, Saint-Etienne, Troyes, Le Chesnay, Massy, St-Germain-en-Laye, Andernos-les-Bains, Neuilly-sur-Seine, Mérignac, Tours, Strasbourg, Castelnaudary, Quimperlé, Boulogne-Billancourt, Riom, Clermont-Ferrand, Lyon, Viroflay et Cherbourg.
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