"C'est très rare que je sois à 80 km/h" : six mois après l'abaissement de la vitesse autorisée, les automobilistes ont du mal à lever le pied
Six mois après la limitation de la vitesse à 80 km/h sur certains axes, la mesure a toujours du mal à passer chez certains automobilites.
C'est l'heure d'un premier bilan après presque six mois d'application. Le 1er juillet dernier, la vitesse maximale autorisée sur les axes à double sens et sans séparateur central a été abaissée à 80 km/h au lieu de 90. Une mesure contestée par certains automobilistes qui ont toujours du mal à lever le pied. C'est le cas dans le Gers, un département rural sans autoroute.
"Je suis toujours au moins à 85 km/h"
Pour Alexia, une habitante de Gimont, à l'est d'Auch, quand on roule à 80 km/h, on se traine : "Sur les lignes droites, c'est très rare que je sois à 80 km/h. Je suis toujours, au moins à 85, voire un peu plus", explique-t-elle. La conductrice lève le pied près des radars et croise les doigts pour ne pas se faire verbaliser. Une technique utilisée aussi par Nathalie mais qui n'a pas vraiment fonctionné. "Il me reste trois points", explique cette commerciale qui en avait encore huit avant le mois de juillet. "Ce ne sont que des excès de vitesse, ils ne sont jamais considérables mais toujours 10 à 15 km/h au-dessus, mais ça suffit pour perdre des points."
Pour les professionnels de la route, la mesure ferait perdre de l'argent explique Caroline. Elle est taxi à Auch et fait entre 500 et 900 kilomètres par jour. Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle limitation de vitesse, ses temps de trajets sont rallongés : "Vous faites Auch - Mirande, on mettait une demi-heure, maintenant on met facilement 35 voire 40 minutes. "
Sur notre journée, c'est énorme 5 à 10 minutes, ça fait perdre une course sur la journée
Caroline, taxi à Auchà franceinfo
Caroline se plaint aussi de rester souvent bloquée derrière des poids lourd, qui eux aussi roulent à 80 km/h, et qu'elle ne peut pas dépasser sans être en infraction. L'inverse est vrai aussi explique Stéphane Aio, il est patron d'une entreprise de transport à Lamazère, au sud d'Auch. "Il y a des phénomènes d'agglutination, et on voit des poids lourds qui auraient tendance pratiquement à pousser l'automobiliste, étant donné qu'ils sont tous à la même vitesse aujourd'hui", explique-t-il.
Difficile cohabitation entre voitures et camions
Au final pour ce patron, cela génère du stress chez tous les usagers de la route. Malgré tout, l'abaissement de la vitesse, c'est la seule solution pour limiter le risque d'accident mortel selon Bernard Ladevess, le directeur départemental de la prévention routière du Gers. "L'argument c'est que la vitesse est un facteur aggravant d'accident."
Quand on roule il faut une certaine distance pour s'arrêter, et plus on roule vite, plus la distance de freinage est importante
Bernard Ladevessà franceinfo
Pour l'instant il n'y a pas de bilan officiel de l'accidentologie sur ces routes secondaires dans le département du Gers. Mais si on compare les chiffres sur les cinq mois, entre juillet et novembre, on s'aperçoit qu'il y a eu plus de tués cette année par rapport à la même période en 2017. Par contre, il y a eu moins d'accidents corporels.
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