Des pics métalliques qui bordent les vitrines, des accoudoirs qui scindent les bancs, des rochers qui pavent les entrées d'immeuble… Il faut être doué d'une grande imagination pour concevoir du mobilier anti-SDF. D'initiative privée ou publique, ces dispositifs urbains ont été mis en place pour empêcher les sans-abri de s'installer ou de s'allonger dans certains coins des grandes villes. En France, le délit de vagabondage a été abrogé en 1994 mais les SDF ne semblent pas être les bienvenus en tout lieu. "Ça rajoute de l'ignominie à l'ignominie", dénonce l'humoriste Guillaume Meurice. Sensibiliser la ville Pour lutter contre ces procédés qu'ils jugent peu éthiques, les membres de la Fondation Abbé Pierre les ont portés en dérision en organisant "Les pics d'or", une remise de prix qui récompense les pires dispositifs anti-sans-abri. Sur une vitrine d'une grande enseigne, ils ont par exemple placardé des affiches en réponse aux poteaux qui parsèment la bordure du magasin. Venus en nombre, des manifestants se sont également réunis pour placer des assises de bois sur ces installations afin que les plus démunis puissent s'y abriter à nouveau. "On veut interroger les gens sur le fait que ces dispositifs pullulent en ville", explique Charlotte Renouprez, membre du collectif Design for everyone.Selon un rapport de la Fondation Abbé Pierre, le nombre de personnes sans domicile fixe a augmenté de 50 % en France entre 2001 et 2012.