Cet article date de plus de cinq ans.

"Ça apporte une confiance en soi" : à Marseille, la course à pied pour sortir de la rue

Une association marseillaise organise des entraînements de running pour les personnes sans domicile fixe. Quatre d'entre eux vont participer à la course entre Marseille et Cassis.

Article rédigé par Olivier Martocq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La course de 20 kilomètres entre Marseille et Cassis, le 5 août 2016. (BORIS HORVAT / AFP)

La Bagagerie, une association qui met à la disposition des SDF marseillais 40 casiers sécurisés et des ordinateurs quatre heures par jour, proposent à des sans domiciles fixes des entraînements à la course à pied. Une dizaine de sans-abris se sont inscrits, quatre sont allés jusqu’au bout et vont participer dimanche 24 octobre aux 20 kilomètres de Marseille-Cassis.

Sébastien et Jean-Marc font partie de ce quatuor. Après plus de six mois d'effort et d'entraînement intensif, ils seront au départ de la course. "Quand vous passez la nuit dehors avec le vent, la flotte, il faut se remettre à niveau, ça motive. Ca permet aussi de dire aux gens d'arrêter de juger ceux qui sont dans la rue", indique Sébastien. Jean-Marc approuve : "Vu qu'on dort dehors, c'est plus compliqué parce qu'on récupère mal. Ca a apporté une confiance en soi, ça nous a remotivés, maintenant on peut avancer et faire des choses constructives."

A l'origine de ce projet, Alexandre Sanz, l'animateur de la Bagagerie. "Le sport est porteur de valeurs qui sont positives pour tout, que ce soit physiquement comme socialement, on se sent mieux quand on a fait du sport. Forcément, ça réduit les addictions, comme l'alcool, la cigarette ou les drogues."

Encadrés par des champions

Pour coacher les personnes sans domicile, la Bagagerie a fait appel à deux anciens champions. Il y a d'abord Benoît Z, ancien détenteur du record d'Europe de marathon. "Sur le premier entraînement qu'on avait mis en place, je me suis dit "c'est pas possible, on va pas faire cent mètres". Ils arrivaient dans des états compliqués. Et en fait, ils n'ont rien lâché. C'est l'une des surprises que j'ai eues avec ces coureurs : ils sont dans l'esprit de compétition, très revanchards, et ils ont envie de montrer qu'ils sont capables de le faire."

Joseph Mahmoud, vice-champion olympique du 3 000 mètres steeple en 1984, l'accompagne dans le projet. "On leur a offert des chaussures vraiment adaptées à la course sur route. Ils le méritent parce qu'ils ont une grande volonté, ils veulent absolument réussir. Je ne voulais pas forcément arriver dans une association caritative sans savoir où je mettais les pieds. En fin de compte, j'ai trouvé des gens attachants, très motivés, qui n'ont pas une vie facile."

Je peux vous dire qu'ils sont courageux parce qu'on a fait des séances en plein été, en pleine canicule, entre midi et deux, et ils étaient là. Ils ont fait les séances qu'on leur programmait.

Joseph Mahmoud

à franceinfo

"La récompense, maintenant, c'est Marseille-Cassis", continue le champion. "Je pense qu'ils ne vont rien lâcher, ils vont s'accrocher pour essayer de faire le meilleur temps possible. Ce sont des gars biens." A côté des entraînements, Sébastien et Jean-Marc ont d'ailleurs continué de tracer leur voie. Le premier a trouvé un travail à l'été 2019, le deuxième un stage de qualification.

A Marseille, le running pour sortir de la rue - Le reportage d'Olivier Martocq

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.