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Salles de shoot : première réunion publique houleuse à Paris

Après que le gouvernement a donné son feu vert à l'ouverture de la première salle de shoot française dans le Xe arrondissement de Paris, une première réunion publique s'est tenue mercredi soir dans le quartier. Dans un climat mi-favorable, mi-hostile. "On n'en veut pas", ont lancé de nombreux riverains.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Maxppp)

Objet de la discussion qui s'est tenue mercredi soir : la future salle de consommation de drogue, site expérimental, dont on ne connaît pas encore l'emplacement - le maire PS du Xe arrondissement, Rémi Féraud, explique n'avoir "pas encore trouvé de lieu " mais que l'objectif est toujours de l'installer "dans le quartier Gare du Nord-Lariboisière ". Cette salle doit ouvrir huit heures par jour, sept jours sur sept. Objectif : encadrer la consommation de drogue d'environ 150 toxicomanes pour leur éviter infections, contaminations et overdoses. 

> Relire Feu vert de Matignon pour expérimenter une salle de shoot à Paris

Une majorité de riverains sont peu sensibles à ces arguments, convaincus surtout que cette salle va attirer aux portes de chez eux encore plus de drogués, de dealers et d'insécurité. Une femme témoigne au micro : "J'habite dans un passage. Depuis le début de l'année, on en est à la sixième agression. Et dans le Xe arrondissement, on n'en peut plus ". Puis un homme : "Ce qui nous inquiète, c'est la protection des enfants et des adolescents qui pourraient être influencés par ces dealers ". 

Le voisinage s'interroge notamment sur ce qu'il adviendra des toxicomanes lorsque la salle fermera. La mairie du Xe cherche à rassurer : il y aura plus de policiers, assure l'adjointe à la sécurité. Mais l'argument ne semble pas convaincre. "On n'en veut pas ! "

"Beaucoup de gens sont dans le fantasme" (un riverain)

Pourtant, quelques voix discrètes dans la salle soutiennent le projet. Patrick habite le quartier depuis 25 ans : "Il y a des gens qui crient beaucoup, on les comprend, mais ils sont dans le fantasme : va-t-on être braqués, nos enfants vont-ils être piqués par des seringues ? Ils croient qu'on va leur fournir de la drogue gratuitement, que ça va être l'afflux de tous les dealers d'Europe... Ce sont des fantasmes ! Ce n'est pas la réalit é".

D'autres réunions de ce type sont prévues à la mairie du Xe, qui donneront lieu sans doute à de nouveaux, longs et laborieux débats, notamment lorsque l'adresse de ce nouveau site sera enfin connue. Le maire du Xe, Rémi Féraud, a expliqué avoir demandé à la SNCF de "proposer un local". Certains opposants suggèrent plutôt d'installer le dispositif "dans l'hôpital Lariboisière ". D'autres demandent "un vote citoyen sur le sujet ". Le projet doit coûter "entre 500.000 et un million d'euros par an ". La ville de Paris et la région doivent participer à l'investissement. Les frais de fonctionnement des trois ans d'expérimentation seront à la charge de la sécurité sociale. 

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