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Retraites : le gouvernement craint le "péril jeune"

Le gouvernement craint que la radicalisation du mouvement de contestation de la réforme des retraites ne vienne des lycéens et des étudiants. Plusieurs ténors de la majorité sont montés au créneau pour tenter de contrer la mobilisation des jeunes. Mais les organisations lycéennes et étudiantes entendent accélérer le mouvement. Les jeunes seront comptés attentivement dans la rue ce mardi.
Article rédigé par franceinfo
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“Cette réforme, elle est faite pour vous”, cajole la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, en marge d'une inauguration à Paris, à l'intention des étudiants. Ceux qui essayent de pousser les jeunes à manifester sont “totalement irresponsables” , tance le ministre du Travail, Eric Woerth. Les manœuvres dans les lycées constituent des “tentatives de récupération”, selon le ministre de l'Education, Luc Chatel, qui ajoute que “manifester sur la voie publique c'est dangereux”. “Les lycéens n'ont rien à faire dans la rue”, décide Jean-François Copé.

Si le gouvernement tente un tir de barrage en direction des jeunes, lycéens et étudiants, c'est qu'il a saisi d'où pouvait venir le danger de radicalisation. Et la température dans les lycées va être relevée avec soin en cette quatrième journée d'action contre la réforme des retraites.

Les organisations lycéennes ne s'y sont d'ailleurs pas trompées. Elles ont bien repéré le trouble que suscite une mobilisation des jeunes et y voient la preuve du poids de cette “arme absolue” de la contestation. Quand les lycéens et les étudiants commencent à descendre dans la rue, nul ne sait quand ils rentreront à la maison. Depuis mai 68, les gouvernements successifs craignent cette configuration.

Hier à la mi-journée, la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) a comptabilisé “un peu plus d'une centaine d'assemblées générales dont la grande majorité prévoyant une participation massive aux cortèges”.
_ En fin de semaine dernière, une centaine de lycées et près de 15.000 élèves se sont mobilisés selon les syndicats. Seuls 81 établissements sur 4.300 étaient concernés, soit 2% du total, d'après le ministère de l'Education nationale. Et les organisations lycéennes tablent sur une amplification du mouvement : “la mobilisation est là et il n'y a pas de raison que ça s'arrête”, prévient Victor Colombani, président de l'Union nationale lycéenne (UNL).

A cette agitation dans certains lycées s'ajoute l'appel à une journée “facs mortes” , lancé pour ce mardi par le principal syndicat étudiant, l'Unef.

Le gouvernement a jusqu'ici pris soin d'éviter de trop fâcher la jeunesse. Si la réforme des universités est passée aux forceps, la réforme des lycées de Xavier Darcos a été sacrifiée en 2008, et le ministre y a laissé son maroquin. Plus récemment, le gouvernement a maintenu l'aide au logement des étudiants fiscalement rattachés à leurs parents.

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