Retour du débat sur les délinquants sexuels
Quelques heures après les aveux du principal suspect d'un enlèvement suivi de meurtre, dans l'Essonne, le système judiciaire français recommence à être mis en cause par une partie de la majorité.
Manuel Da Cruz, suspecté d'un autre meurtre en 2007, a été condamné à 11 ans de réclusion criminelle en 2002 pour la séquestration et le viol d'une mineure de 13 ans.
_ Il avait bénéficié d'une libération conditionnelle le 5 mars
2007, donc après avoir purgé un peu plus de la moitié de sa
peine, soit une mesure classique dans le régime juridique français.
Ce matin, le père de l'adolescente violée à l'époque avait le premier dénoncé cette situation judiciaire (voir notre article).
"Cette mise en libération conditionnelle a été le résultat
d'un long processus de réflexion du juge qui le suivait et qui,
conformément à la loi, s'est assuré non seulement qu'il
remplissait les conditions légales mais aussi qu'il présentait
des garanties de représentation", a expliqué aujourd'hui le procureur
d'Evry Jean-François Pascal.
"Castration chimique"
Mais motivés sans doute par la vive émotion suscitée par le fait divers, certains membres du gouvernement et de la majorité ont critiqué le dispositif existant.
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Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a ainsi considéré que Da Cruz "n'aurait pas dû bénéficier d'une libération et que le crime
aurait pu être évité". -
Quant à Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, il s'interroge de la sorte : "Ne doit-on
pas enfin décider la mise en oeuvre de la castration chimique
pour ce type d'individus ?"Ce soir, après avoir reçu les parents de la victime, Nicolas Sarkozy a indiqué avoir demandé à Brice Hortefeux
d'étudier les moyens de renforcer la surveillance des condamnés qui ont purgé
leur peine pour réduire les risques de récidive.Manque de moyens
Parmi les réactions, l'Union syndicale des magistrats (USM) a notamment considéré que la libération conditionnelle était une mesure "normale", et que la série de lois votées après d'autres faits divers
similaires depuis 1998, dont deux depuis l'élection de Nicolas
Sarkozy, se sont avérées inopérantes selon lui, faute de moyens.La sulfureuse "rétention de sûreté" votée en février
2008, qui permettrait de maintenir en détention après
l'exécution de leur peine certains criminels jugés dangeureux,
n'est pas en vigueur car le Conseil constitutionnel a jugé
qu'elle ne pouvait s'appliquer rétroactivement. -
Le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon a
jugé "indécents" les propos de Frédéric Lefebvre.
_ Ajoutant "parce que les moyens publics ont reculé, les délinquants sexuels ne sont
pas pris en charge comme on devrait le faire, soit en établissement
psychiatrique, soit en milieu carcéral" alors qu'ils devraient pouvoir
bénéficier de "thérapies indispensables".Matteu Maestracci avec agences
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