Retard du Strasbourg-Port Bou : le train n'aurait pas dû partir (rapport d'enquête)
Treize heures de retard pour un train de nuit. Nul doute que la triste performance du Strasbourg-Nice/Port Bou du 27 décembre figurera dans le - déjà grand - livre noir des retards de la SNCF. Le rapport d"enquête interne, remis ce matin à la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a été publié sur le site internet de la SNCF.
Côté explications, rien de neuf. Il confirme la lettre d'excuse (lire notre article) que le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, avait écrite le lendemain aux 600 passagers qui ont vécu cette nuit de cauchemar ferroviaire : le signe indien s'est abattu sur le Strasbourg-Nice/Port Bou, qui a été victime d'une conjonction inédite de cinq incidents.
Le texte revient dessus les uns après les autres, estimant que le plus grave, du point de vue de l'entreprise, est l'absence de relève du conducteur à Belfort : “c'est quelque chose de très exceptionnel, de pas acceptable”, pointent les rédacteurs. Les syndicats de la SNCF estiment de leur côté que cette situation n'a rien d'exceptionnel, mais qu'elle est le résultat de “l'éclatement” en secteurs d'activité séparés. Selon Sud Rail, il y avait des conducteurs à Belfort ou Besançon, mais ils ne dépendent pas de l'activité Grandes Lignes, et ne sont donc plus autorisés à conduire les trains de ce secteur. Un conducteur a dû venir en catastrophe de Lyon... en taxi.
Mais le rapport va plus loin. Il estime que le premier incident, en gare de Strasbourg, aurait déjà dû faire annuler le voyage, à cause de l'état de la locomotive, qui a mal supporté son passage à travers la plaine d'Alsace enneigée, lors de son précédent trajet. Le train avait été mis en gare avec une heure de retard : “la volonté de trop faire et d'acheminer les voyageurs à leur destination “coûte que coûte” dans cette période de fête a conduit à prendre la responsabilité de faire circuler le train avec une mauvaise qualité de service”, déplore le rapport, qui souligne toutefois que la sécurité des voyageurs n'a jamais été menacée.
Pour éviter qu'un tel scénario ne se reproduise, les rédacteurs demandent que la “fiabilisation” des trains de nuit soit améliorée, à savoir que les équipes s'assurent que tous les conducteurs soient en place, et qu'une révision générale des locomotives de trains de nuit ait lieu immédiatement. Il demande aussi que les équipes de secours soient renforcées en cas de coup dur, et d'améliorer la prise en charge des voyageurs. A ce titre, la SNCF a promis de rembourser et d'offrir en plus un aller-retour gratuit. Elle n'a pas encore annoncé ce qu'elle ferait pour les voyageurs du “couac” suivant : l'inversion des TGV en direction de Nantes et de Rennes, dimanche dernier. L'enquête est en cours.
Grégoire Lecalot
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