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Vidéo 11 questions à un moine bouddhiste sur son quotidien

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Crâne rasé, rémunération, alcool... Le moine bouddhiste Stanislas Wang-Genh répond à Brut.
VIDEO. 11 questions à un moine bouddhiste sur son quotidien Crâne rasé, rémunération, alcool... Le moine bouddhiste Stanislas Wang-Genh répond à Brut. (Brut.)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Crâne rasé, rémunération, alcool... Le moine bouddhiste Stanislas Wang-Genh répond à Brut.

Êtes-vous obligé de vous raser le crâne ?

Stanislas Wang-Genh : Se raser la tête, ce n'est pas une obligation. C'est un choix personnel mais, a priori, les moines et les nonnes, ça fait partie de leurs vœux, se rasent le crâne. C'est un signe très symbolique. On coupe les illusions. En fait, les cheveux ont toujours été considérés comme un attribut de beauté depuis tout temps, comme un objet de décoration. Et là, l'idée, c'est de montrer son vrai visage. Même les femmes ont le crâne rasé et puis, ne portent pas de bijoux, ni de maquillage.

On voit souvent des moines bouddhistes en tenue rouge, orange, c'est la tenue officielle ?

Stanislas Wang-Genh : Ça s'appelle la couleur safran. Alors, c'est la tenue officielle pour les moines d'Asie du Sud-Est ; les moines tibétains de la tradition tibétaine sont plutôt en tenue orange/ocre ; les moines zen de la tradition à laquelle j'appartiens, le bouddhisme zen sōtō, on est en noir. Donc ça dépend de la tradition, la couleur va dépendre, on va distinguer les différentes traditions du bouddhisme par des couleurs, en fait. 

Il y a combien de traditions dans le bouddhisme ?

Stanislas Wang-Genh  : Je ne connais pas toutes les traditions mais c'est vrai qu'en France on connaît surtout le bouddhisme par le biais des moines tibétains avec la figure du Dalaï Lama, de Matthieu Ricard... On connaît très peu les autres branches mais il y en a beaucoup ; il y a du bouddhisme vietnamien, coréen, japonais...

Est-ce que Bouddha est considéré comme un dieu ? 

Stanislas Wang-Genh  : Non, il n'est pas considéré comme un dieu, il est considéré comme un homme. On l'appelle souvent le grand médecin. En fait, c'est un homme qui s'est éveillé à sa véritable nature. Il a une clarté évidente sur certaines choses et il a voulu le proposer aux êtres humains, il a proposé une voie spirituelle pour se libérer de la souffrance. 

Comment est rémunéré un moine bouddhiste ? 

Stanislas Wang-Genh  : Un moine bouddhiste n'est pas rémunéré par sa pratique, dans le sens où il peut avoir une vie sociale, il peut travailler. Il gagne son argent comme tout le monde. Je suis à la base journaliste et réalisateur. Alors il y a des traditions effectivement où les moines ne peuvent pas travailler ce qui pose un problème en France et en Europe plus largement. C'est-à-dire qu'en Asie, les moines pratiquent la mendicité et les gens des villages vont donner des offrandes et de la nourriture pour les moines, c'est une pratique courante qui se fait. On voit souvent les moines défiler dans la rue avec un bol. 

Les chrétiens ont la Bible, les juifs ont également la Torah, les musulmans ont le Coran... Et les bouddhistes ?

Stanislas Wang-Genh : Les bouddhistes ont l'enseignement de leur maître et l'enseignement général de la communauté. C'est une transmission orale. Ce n'est pas une transmission écrite. Le bouddhisme est né en Inde 500 ans avant J-C et ça fait près de 2600 ans qu'il se transmet uniquement de maître à disciple. 

Avez-vous le droit de consommer de l'alcool ? 

Stanislas Wang-Genh : L'alcool, c'est pas interdit. Là ou il faut faire attention, c'est les conséquences de notre consommation donc évidemment si on tombe dans l'excès, il faut être encore plus attentif. On dit dans le bouddhisme, il ne faut pas s'intoxiquer le corps et l'esprit ; il y a mille et une manières de s'intoxiquer surtout l'esprit qui sont plus graves d'un verre de vin. Quand on s'intoxique avec la colère, avec l'égoïsme, avec l'avidité ou avec des idéologies extrêmes. C'est beaucoup plus grave que d'apprécier un verre de vin avec ses amis. 

Vous avez le droit de vous marier ? 

Stanislas Wang-Genh : On peut se marier. Dans notre tradition, il y a des moines qui sont mariés à des nonnes, donc qui pratiquent ensemble, qui ont un parcours de vie commun à travers la spiritualité. Il y a des moines qui sont mariés à des laïques aussi ou à d'autres religieux. Tout est possible. 

Dans d'autres traditions, on fait vœu de chasteté, non ?

Stanislas Wang-Genh : Il y a des traditions bouddhistes ou effectivement les moines font vœu de chasteté. 

C'est quoi le plus dur dans la vie d'un moine bouddhiste aujourd'hui ?

Stanislas Wang-Genh : De rompre avec l'instant présent. Je pense que l'attention, c'est devenu une denrée rare. On voit bien quand on est sur internet et qu'on y va pour chercher une information et qu'on se retrouve à acheter une paire de sneakers. C'est qu'il y a effectivement un problème d'attention et ça, c'est quand même, ce qui est au cœur de notre pratique, le moment présent donc c'est ce qu'il y a de plus dur à pratiquer de revenir sans cesse au corps, au souffle parce que c'est ce qu'il y a de plus concret, de mieux pour nous ramener à l'instant présent. 

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