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Emmanuel Macron veut "crever l'abcès" de la "mauvaise compréhension" de l'islam en France, selon le CFCM

Le président du Conseil du culte musulman en France (CFCM), Ahmet Ogras, rencontre Emmanuel Macron jeudi. Il répond aux questions de franceinfo sur la laïcité et l'islam en France. Un lien qu'il conçoit comme "apaisé".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Ahmet Ogras, le président du Conseil français du culte musulman. (JOEL SAGET / AFP)

Le président de la République Emmanuel Macron doit accueillir jeudi 4 janvier à l'Elysée, les représentants des cultes pour une cérémonie traditionnelle d'échange de vœux, en présence des ministres de l'Intérieur Gérard Collomb et de l'Education Jean-Michel Blanquer. Les représentants des six principales religions (catholique, protestante, orthodoxe, musulmane, juive et bouddhiste) seront présents. Ils avaient d'ailleurs déjà été longuement reçus le 21 décembre dernier.

Parmi eux, Ahmet Ogras, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Il attend de l'Etat un "message apaisé, sans tabou, qui n'hésite pas à utiliser les mots pour vraiment expliquer, déconstruire ce qu'il faut déconstruire, et construire ce qu'il faut construire", a-t-il expliqué jeudi 4 janvier sur franceinfo

franceinfo : Sur la laïcité, Emmanuel Macron dit que le sujet, c'est la relation entre la République et l'islam. Êtes-vous d'accord ?

Ahmet Ogras : Je suis tout à fait d'accord, mais je le prends dans le sens positif et apaisé. Aujourd'hui, il y a une mauvaise compréhension dans la société française, suite aux débats politiques qu'il y a eu pendant les différentes périodes électorales. Le président de la République veut crever cet abcès pour bien résoudre ce problème, en replaçant dans l'Histoire l'arrivée en France de l'islam après 1905 [année de l'adoption de la loi de séparation de l'Église et de l'État]. Depuis 30 ans, cette identité, cette communauté de plus en plus visible, a besoin de s'exprimer, d'avoir des ressources humaines et financières. C'est un défi national.

Qu'attendez-vous des voeux d'Emmanuel Macron ? 

J'attends un message apaisé, sans tabou, qui n'hésite pas à utiliser les mots pour expliquer, déconstruire ce qu'il faut déconstruire, et construire ce qu'il faut construire. Aujourd'hui, Emmanuel Macron dit bien "laïcité" et "islam", mais il précise bien "après 1905". Il y a un déficit au niveau de la représentation et des moyens mis à la disposition du culte musulman, que les autres cultes ont eu avant 1905. Le président Macron dit qu'il a besoin des représentants de la nation française, il dit rencontrer les représentants des syndicats, pourquoi ne rencontrerait-il pas les représentants des cultes, qui ont un mot à dire.

Qu'aimeriez-vous entendre, que l'État va aider au financement des mosquées, à la formation des imams ? C'est du concret ?

C'est de bien peser les mots, de bien expliquer aux Français la réalité de la situation, ne surtout pas politiser un sujet qui est hypersensible. Nous avons environ un an à un an et demi avant les élections européennes [en 2019]. Profitons de cet espace serein pour débattre des sujets en profondeur, et pas de façon superficielle.

Avez-vous le sentiment que ce gouvernement s'intéresse à se sujet ?

Il s'y intéresse, mais à sa façon. En nous respectant. Le gouvernement attend que le CFCM prenne ses responsabilités. Il veut nous accompagne, le gouvernement ne veut pas interférer dans la représentation de l'islam en France.

Comment se porte le dialogue interreligieux aujourd'hui en France ?

Il se porte très bien, il est encore plus présent dans les villes et dans les régions qu'au niveau national. La conférence des représentants des cultes se réunit de manière informelle. Aujourd'hui, on va passer à un stade supérieur : le ministère de l'Intérieur veut l'inscrire dans une relation de partenariat avec le ministère. Et on a un président intéressé par ces sujets-là. Il nous a rencontrés fin décembre, et il dit qu'il va nous rencontrer à peu près tous les trimestres, sur les différents sujets de société.

Dalil Boubakeur, le recteur de la mosquée de Paris, n'a pas été invité aux voeux. La grande mosquée de Paris quitte d'ailleurs le CFCM, quelle est votre réaction ?

Nous avons été attristés par cette nouvelle. Nous prenons note. Mais nous avons confiance dans le fait que l'intelligence va reprendre le dessus sur le côté sentimental, et que la grande mosquée va revenir au CFCM. Mais le CFCM n'est pour rien dans ce raté protocolaire.

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