Recruter des profs, casse-tête européen
La France, qui lance une campagne de recrutement de 43000 enseignants, n'est pas le seul pays à connaître une désaffection pour le métier.
SOCIETE - Engagez-vous, qu'ils disaient... Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a lancé lundi 10 décembre une campagne de recrutement de 43 000 enseignants pour compenser les départs à la retraite et permettant de créer près de 9 000 postes en équivalent temps plein. La mission est ambitieuse tant la pénurie de candidats est forte. Vendredi, le Haut Conseil de l'éducation (HCE) évoquait ainsi "une profession en crise qui doit retrouver attractivité et prestige".
Quelles recettes faut-il suivre pour redonner goût aux métiers de l'enseignement ? La question de leur attrait se pose-t-elle ailleurs qu'en France ? Francetv info s'intéresse à la situation à l'étranger et donne la parole à Eric Charbonnier, expert sur les questions d'éducation à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Selon ce dernier, "on constate une véritable désaffection du métier d'enseignant dans les pays européens. C'est le cas au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne, où se posent de véritables questions sur la vocation et la formation".
Les profs français, moins bien payés que les autres
Dans son rapport remis vendredi à François Hollande, le HCE souligne que "les salaires des professeurs sont sensiblement inférieurs en France à ceux des autres pays de l'OCDE", sauf en fin de carrière où ils rattrapent la moyenne. Après 15 ans d'exercice, le salaire moyen dans le primaire des membres de l'OCDE est de 37 600 dollars (29 000 euros), contre 32 800 (25 400 euros) en France (et 55 800 dollars en Allemagne soit 43 000 euros). L'écart est similaire au collège et au lycée, avec des niveaux de rémunération légèrement plus élevés.
Qualité de la formation : l'exemple finlandais
"Outre le salaire, l'affectation des enseignants en début de carrière peut dissuader les candidats français, estime Eric Charbonnier. Ils sont envoyés dans les établissements difficiles, où ils ne sont pas soutenus et où ils doivent apprendre sur le tas." Les débuts éprouvants sont fréquents au Royaume-Uni aussi, où le nombre de démissions a augmenté de 20% en un an selon la BBC (en anglais).
Contrairement à la France et à la Corée du Sud, où la formation des enseignants porte plus sur les connaissances que sur la capacité à transmettre, la Finlande s'impose comme un modèle, selon Eric Charbonnier, qui y a consacré un article. "La sélection des candidats se fait surtout sur la motivation, on détecte la vocation, et on leur offre ensuite une formation de qualité, précise-t-il à francetv info. Il y a donc beaucoup moins de risques de se rendre compte que l'on n'est pas fait pour ce métier" une fois dans la salle de classe.
Un métier "dévalorisé" en France
"En Finlande, les enseignants ont des revenus moyens mais leur métier est valorisé, contrairement à la France ou l'Espagne", affirme Eric Charbonnier, qui évoque "un procès assez injuste" sur la question des vacances et du temps de travail. Selon les chiffres de l'OCDE, les professeurs des écoles animent 918 heures de cours en France, contre 782 en moyenne pour le reste des pays. Au collège et au lycée, les Français font moins d'heures que leurs homologues étrangers "mais ils passent plus de temps à travailler en dehors de la classe". Quoi qu'il en soit, le salaire horaire des enseignants français (tous niveaux confondus) est inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE.
Mais l'image du prof serait-elle en train de changer ? Selon un sondage CSA dévoilé lundi par le ministère de l'Education, 77% des Français reconnaissent que les enseignants méritent une plus grande reconnaissance sociale. 76% seraient fiers que leur enfant devienne enseignant et 81% ont une image positive du métier.
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