Que sont devenus les réfugiés kurdes de l'East Sea ?
C'était une nuit de février 2001.
_ Un navire, à peine capable de flotter, battant pavillon cambodgien, s'échoue sur la plage de Boulouris, près de Saint-Raphaël (Var). Dans les cales du vraquier rongé par la rouille, les sauveteurs découvrent 910 personnes, dont 180 femmes et 480 enfants, hébergés dans des conditions de total dénuement d'insalubrité.
Tous prétendent être de nationalité irakienne, et avoir voulu fuir l'oppression du régime de Saddam Hussein.
_ Leur audition révèle que la majorité d'entre eux ne sont pas de nationalité irakienne, mais syrienne, et que l'échouage de l'East Sea a été volontaire, dans le cadre d'une expédition commanditée de Syrie et du Liban par un réseau organisé.
Les naufragés sont conduits au camp militaire de Fréjus, où une "zone d'attente" est créée à la hâte. Et face à une opinion publique émue, l'affaire tourne au casse-tête juridique pour les autorités : accueillir et risquer de créer un précédent, ou ne pas accueillir et essuyer les reproches d'inhumanité, violer les règles de l'asile ?
_ Au bout de 23 jours, le 20 février 2001, le ministère de l'Intérieur leur accorde un sauve-conduit de huit jours leur permettant de circuler librement sur le territoire et de déposer en préfecture une demande d'asile. Bref, un permis de devenir des clandestins.
Environ 160 demandes d'asile
D'ailleurs, la grande majorité ne déposera pas de demande d'asile en France. Beaucoup disparaîtront, gagnant l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse où résident d'importantes communautés kurdes.
Au total, "une petite centaine de réfugiés de l'East Sea ont demandé et obtenu l'asile en France. Mais tous ont été accueillis en France ou en Europe", relève Pierre Henry, président de France Terre d'Asile.
_ D'après une étude de Christine Mohseni, anthropologue au CNRS, près de 160 personnes ont demandé, presque toutes avec succès, le statut de réfugié.
En décembre 2008, le tribunal correctionnel de Draguignan (Var) a condamné neuf Syriens et Libanais, dont sept par défaut, à des peines allant de un à 10 ans de prison pour avoir organisé l'expédition de l'East Sea.
Gilles Halais, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.