Prostitution : un faux site internet créé par une association pour que les clients "se remettent en question"
Le Mouvement du Nid, favorable à l'interdiction de la prostitution, a tenté de sensibiliser les clients au quotidien des prostituées, à travers un faux site internet de call-girls. Images chocs à l'appui.
Le Mouvement du Nid a indiqué, jeudi 22 septembre, avoir tenté de sensibiliser des clients à "l'envers du décor" de la prostitution en les piégeant avec un faux site internet de call-girls. L'association abolitionniste (elle souhaite l'interdiction de la prostitution) dit avoir reçu environ 4 000 messages de personnes pensant contacter des prostituées par ce biais, au printemps dernier.
Quand des "clients" de la #prostitution entendent la réalité... de gré ou de force #GirlsOfParadise https://t.co/TpJ8hVoCjA pic.twitter.com/1tOvGqSylE
— Mouvement du Nid (@MouvementduNid) September 22, 2016
Dix femmes, en réalité des comédiennes engagées dans le cadre de cette opération, ont proposé leurs charmes sur le site girlsofparadise.sex. Une messagerie en ligne permettait aux clients d'entrer en contact avec les prétendues call-girls. "Tu veux voir d'autres photos ?" proposait le programme, avant de diffuser des clichés de jeunes femmes défigurées. Puis un texte, dur : "Le corps de Julia, calciné, entaillé et massacré au poing américain a été retrouvé aux abords du Bois de Boulogne. Assassinée par un client."
Des drames inspirés de faits réels
Les clients pouvaient également joindre les fausses prostituées via des numéros de portables disponibles sur le site. Le Mouvement du Nid a reçu plus de 600 appels la première semaine après la mise en ligne de girlsofparadise.sex. Au bout du fil, les clients tombaient sur des militantes, qui leur délivraient des messages aussi durs que sur la messagerie en ligne. "Tu cherches à joindre Inès ? Elle est morte, jetée d’un pont par son proxénète."
Pour la présidente de l'association, Claire Quidet, la prostitution en ligne semble beaucoup plus "aseptisée" et "glamour" que celle de rue. Elle n'est toutefois "pas aussi belle en réalité" car "si la prise de contact diffère, les risques, les violences subies restent les mêmes". Tous les drames racontés sur le site étaient ainsi inspirés de faits réels, selon le Mouvement du Nid.
Depuis avril, les clients passibles d'amendes
"S'il n'y avait pas autant d'argent dépensé par les clients, l'industrie ne ferait pas autant d'argent et tous ces sites et réseaux ne seraient pas mis en place", estime Claire Quidet, interrogée par l'AFP.
"Quand on leur expliquait que la prostituée qu'ils cherchaient à rencontrer était morte ou blessée, ils étaient navrés, s'excusaient. Mais ils étaient inconscients de faire partie d'un système violent. Et il n'y avait aucune remise en question de leur part", poursuit-elle. Depuis avril, les clients de la prostitution sont passibles d'une amende de 1 500 euros en France, qui peut atteindre 3 750 euros en cas de récidive.
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