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Projet de loi sur l'emploi : la gauche se fracture (encore) au Sénat

Les sénateurs ont adopté dans la douleur la nuit dernière le projet de loi qui transpose l'accord signé en janvier dernier entre le patronat et une partie des syndicats sur "la sécurisation de l'emploi". La volonté du gouvernement d'accélérer les débats a provoqué la fureur des élus communistes.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Sur le plan arithmétique, l'adoption du projet de loi sur
l'emploi n'a pas fait un pli dans la nuit de samedi à dimanche au Sénat : 172
voix pour et 24 contre. Sans surprise, le PS et les radicaux de gauche ont
approuvé le texte, tandis que les élus UMP se sont abstenus. 

Mais ce vote a été mouvementé à la gauche de l'hémicycle. L'annonce du
gouvernement samedi d'utiliser le vote bloqué -qui empêche le vote sur chaque
amendement- pour faire accélérer les débats a provoqué la fureur de la gauche
de la majorité. Les sénateurs communistes ont retiré tous leurs amendements avant
de voter contre le texte.

Une gauche éclatée au Sénat

"Il s'agit d'un
coup de force pas seulement contre la démocratie parlementaire, mais aussi
contre le monde du travail. Il ne restera pas sans conséquences
", a
prévenu sa collègue Eliane Assassi alors que les relations entre communistes et
socialistes étaient déjà très tendues
au Sénat depuis plusieurs mois.  

C'est également sur le
fond du texte que la gauche se divise. "Vous avez bradé le code du travail
et les droits des salariés
", a lancé l'élu communiste Dominique Watrin. Dans
les rangs socialistes, excepté Marie-Noëlle Lienemann, on salue au contraire
"un texte (qui) marque une avancée pour les salariés ". Du côté écologiste,
on s'est abstenu : "Si des progrès existent, les reculs étaient trop
importants pour emporter notre adhésion
", affirme un communiqué du Groupe
écologiste. 

A droite, on se réjouit
du spectacle. Chez les centristes de l'UDI, les sénateurs ont accuse les élus
communistes de "pratiquer l'obstruction", reproche souvent adressé à
l'opposition. Alors qu'à l'UMP, on s'amuse
  " d'un nouveau couac qui met en
évidence les fortes tensions au sein de la majorité sénatoriale
".

Mais qu'est-ce qui
divise la gauche ?

Le projet de loi est la
transposition de l'accord sur la "sécurisation de l'emploi" signé en
janvier dernier par le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC). Un
texte dénoncé par FO et la CGT. Pour ces derniers, la flexibilité accordée aux
entreprises - accord de maintien dans l'emploi, mobilité interne, refonte des
procédures de licenciements - est loin d'être compensée par les nouveaux droits
accordés aux salariés : accès élargi aux mutuelles, droits rechargeables au
chômage, formation. 

Les principales dispositions de l'accord sur l'emploi

Déjà adopté à l'Assemblée
nationale, le texte va désormais être étudié par un groupe de sept sénateurs et
sept députés (une commission paritaire mixte). Leurs conclusions seront soumises
à une deuxième lecture dans les deux chambres.

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