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Vidéo "Le cinq du mois, on est dans le rouge" : des surveillants de prison manifestent pour de meilleurs salaires

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France

Environ 70 surveillants rassemblés devant la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, en Essonne, ont réclamé, jeudi, un salaire supérieur à "1 480 euros par mois". Il promettent une mobilisation longue.

"On n'en peut plus. Actuellement, le cinq du mois, on est dans le rouge", clament des surveillants pénitentiaires, peu nombreux, qui bloquent les entrées de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) dans la soirée du 31 janvier.

Devant les barricades, les quelque 70 manifestants scandent des slogans hostiles à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, lui reprochant de ne pas entendre leur revendication : un meilleur salaire. "Un surveillant gagne 1 480 euros net par mois, avec les primes", explique Toufik, en colère. Comme ses collègues présents devant la maison d'arrêt, à l'appel de la CGT et de FO, il réclame un changement administratif, pour passer de la catégorie C à la catégorie B, ce qui impliquerait une meilleure rémunération.

"Pénibilité" et "souffrance" 

Actuellement, les heures supplémentaires des surveillants de prison peuvent faire monter le revenu autour de 2 000 euros, selon le ministère de la Justice. "Donc, ils vont tourner à 50 heures supplémentaires, réplique Toufik. Mais à quel prix ? Dans ce cas, le surveillant fait le travail de deux ou trois. Sa sécurité est mise en cause. Est-ce que 2 000 euros valent la vie d'un surveillant ? Non ! Il faut augmenter les salaires des surveillants pénitentiaires (...) J’ai vu une dégradation importante dans nos conditions de travail, renchérit Didier, surveillant depuis 18 ans. On a un travail difficile, une pénibilité et surtout une dangerosité à prendre en compte. Je suis en colère contre le gouvernement qui n’entend pas notre souffrance."

Le risque d'une profession abandonnée

Aux côtés des manifestants, Thibault Capelle, secrétaire FO à Fleury-Mérogis présente "un constat alarmant" dans l’administration pénitentiaire. "On n’arrive pas à recruter et on a des urgences sociales chez nos collègues de plus en plus présentes." Il affirme que beaucoup de surveillants pensent à partir en détachement dans d’autres corps d’État, comme la police, la gendarmerie, les douanes ou les impôts "parce qu’ils sont mieux rémunérés avec des conditions de travail bien meilleures". À l'intérieur de la prison, le fonctionnement est resté normal. Ce qui n'empêche pas les syndicats de promettre un mouvement parti pour durer. 

Des chiffres contestés par l'administration pénitentiaire 

Contactée par franceinfo, l’administration pénitentiaire (AP) conteste les chiffres et salaires énoncés par ces syndicalistes. "Le salaire médian des surveillants en 2018 s’établit à 2 287,55 euros, explique une source au sein de l’AP. Avec primes, un stagiaire gagne près de 2 000 euros net en moyenne. La moyenne d’heures supplémentaires est de 22 heures mensuelles. Ce genre de contre-vérités, pour grossir le trait, risque de dissuader des candidats potentiels."   

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