Reportage "Ça nous rapproche de la sortie, de la vie normale" : à Marseille, le restaurant de la prison des Baumettes rencontre un franc succès depuis un an

Depuis un peu plus d'un an, 3 500 clients ont déjeuné aux "Beaux Mets", le restaurant ouvert dans la prison des Baumettes et dans lequel le service et la cuisine sont assurés par des détenus.
Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un détenu met la table dans le restaurant "Les beaux mets" à l'intérieur de la prison des Baumettes à Marseille, le 2 novembre 2022. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

C'est par un grand portail rouge, que l'on entre aux "Beaux Mets". Guidés par Nathalie, la surveillante, les clients, qui ont tous un casier judiciaire vierge, déposent leur téléphone et passent aux détecteurs à rayons X:  "C'est comme à l'aéroport finalement." Le restaurant est au deuxième étage d'un vieux bâtiment de pierre. Il y a un peu plus d'an s'ouvrait ce restaurant unique en France, installé à l'intérieur d'une prison.

Entre les murs des Baumettes à Marseille, l'établissement "Les Beaux Mets" accueille chaque midi de la semaine, sur réservation, des clients venus de l'extérieur. Ce sont des détenus, qui préparent leur sortie, qui assurent le service et la cuisine. Depuis sa création, ce lieu de réinsertion rencontre un franc succès. 

"Ils doivent avoir une prestance"

Dans le restaurant, les fenêtres n'ont pas de barreaux. Les couleurs sont chaudes, les détenus sont en chemise. Au total, ils sont sept à s'activer, en salle, ou en cuisine, sous la direction de la cheffe Sandrine Sollier : "Quand ils sont ici, c'est comme un restaurant à l'extérieur ou comme un travail à l'extérieur. Ils doivent parler et se tenir correctement, ne pas être nonchalant et avoir une prestance."

"Pour la plupart, ça fait longtemps qu'ils sont enfermés, ils n'ont pas toujours les codes. Cela reste des commis, comme à l'extérieur, sauf qu'on part vraiment de zéro. Pour certains, ils ne sont pas passés par de la cuisine avant."

Sandrine Sollier, cheffe

à franceinfo

C'est le cas de Leila, 26 ans, elle termine une purée à l'huile de menthe : "Quand on arrive de détention, on voit vraiment que c'est un vrai restaurant. Nous, ça nous fait bizarre en tant que détenus de voir des fenêtres sans barreaux, etc. Donc oui, ça nous rapproche de la réalité, de la sortie, de la vie normale..."

"Un tremplin vers l'emploi"

Au bar, Fateh, 19 ans, fait les cocktails - sans alcool, car c'est interdit en prison : "Ça se passe plutôt bien. Le contact avec les gens, les clients, leur sourire tout ça..." Fakri, 20 ans, acquiesce. Lui qui rêve d'être serveur quand il sortira de cellule confie apprécier la bienveillance des clients : "On n'est pas des méchants. Ça m'encourage !" 

"La vocation du restaurant est d'être un tremplin vers l'emploi et pour retrouver une place dans la société, explique Carole Guillerm, responsable du restaurant pour l'association Festin. On a accompagné 41 personnes détenues. Beaucoup ont retrouvé un emploi ou une formation à la sortie de la détention, nous les accompagnons aussi bien en prison qu'à l'extérieur. Ici, on a envie de dire qu'on peut faire de très belles choses en partant d'un peu loin ! " Et ça, les clients le remarquent : ils sont unanimes. Depuis l'ouverture, plus de 3 500 convives ont déjà déjeuné aux "Beaux Mets".

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