Plus de 100.000 personnes dans les rues contre le mariage gay
"Tous nés d'un homme et d'une femme", scandent les manifestants en choeur. "Les slogans aujourd'hui seront "pour le mariage civil
HF -- hommes femmes ou haute fidélité " ou encore "la famille PME, père,
mère, enfant ", explique à la presse l'humoriste catholique Frigide Barjot.
Habillée rose, arrivée en mobylette rose, avec un casque rose... Rien qui ne
tranche avec les milliers d'autres manifestants (les organisateurs en revendiquent 200.000, la police en dénombre en fin de journée 70.000) habillés d'un tee-shirt rose, ballons
rose, bleu ou rouge à la main, sur la place Denfert-Rochereau à Paris, pour une "manifestation
pour tous ", apolitique et "transreligieuse ", contre le projet d'ouvrir le mariage et l'adoption aux couples homosexuels. Il s'agirait même
aussi, selon ses organisateurs, d'un rassemblement "contre
l'homophobie ". Nombreux, parmi eux, appellent à davantage de débats sur le projet de loi présenté en Conseil des ministres début novembre.
" François, ta loi on n'en veut pas "
Le même jour, d'autres rassemblements du même type sont
organisés à Rennes, Metz, Nantes, Dijon, Bordeaux, Lyon, Marseille et Toulouse. A Lyon, entre 8.000 et 15.000 s'étaient rassemblées, avec parmi eux des jeunes militants du bloc identitaire : la police a procédé à une quarantaine d'interpellations parmi quelque 200 contre-manifestants venus dénoncer le caractère "homophobe" du mouvement. Ailleurs, ils étaient 4.500 à Nantes, 8.000 à Marseille, 2.500 à Rennes, parfois sifflés par "Jésus a deux papa, pourquoi pas moi" , "homophobie on n'en veut pas " ! En tout, près de 100.000 personnes ont manifesté dans toute la France.
La plupart des rassemblements se sont déroulés sans heurts à l'exception, notamment, de Toulouse, où la police a repoussé par des tirs de gaz lacrymogènes des partisans du projet. Un face à face tendu a ainsi opposé une bonne partie de l'après-midi au moins 5.000 personnes hostiles au mariage homosexuel à un groupe d'environ 350 contre-manifestants : tandis que les premiers scandaient "François, ta loi on n'en veut pas ", les seconds, pour dénoncer le refus de la préfecture d'autoriser leur manifestation, leur rétorquaient "liberté de manifester ".Un cordon de CRS a été déployé entre les deux camps pour éviter les heurts.
" Nous tenons à notre code civil, base même de notre société "
Dans la foule de manifestants, toutes les générations sont représentées. Partout, des poussettes. T-shirts roses et ballons de même
couleur arborent le même dessin de deux personnes de sexes opposés accompagnées
de deux enfants. Frigide Bajot, elle, a préféré brandir un code civil rouge, en
appelant la foule à l'imiter : "Nous tenons à notre code civil
(...), base même de notre société ", expliquait-elle aux journalistes avant
le début de la manifestation."Il ne faut pas que disparaissent (de ce code
civil) les mots père et mère pour laisser la place à des termes
indifférenciés ", prêche l'humoriste, en soulignant le mouvement de samedi
était le fait de "citoyens anonymes, de particuliers et de leurs
élus ", "mariageophiles " mais pas "homophobes ". "Le mariage pour tous met en danger le format normatif de la famille" , déplore Xavier Bongibault, de "Plus gay sans mariage ", une association d'homosexuels qui rassemblerait 200 personnes.
Alliance vita, Fils de France et les AFC soutiennent le mouvement
Parmi les organisateurs du mouvement, outre Frigide Barjot,
fondatrice du Collectif "Pour l'Humanité durable " et Xavier Bongibault, ou Laurence Tcheng, de
"La gauche pour le mariage républicain " : selon ces derniers, le
mouvement a reçu le soutien de plusieurs délégations locales des Associations
familiales catholiques (AFC), les Fils de France, des musulmans
"patriotes ", ou encore de l'association pro-vie Alliance Vita. Et aussi de Benoît XVI, qui a appelé samedi matin les évêques français à parler avec "détermination " dans "les débats importants de société ".
En tête de cortège, Gérard Larcher, entouré d'une trentaine d'autres élus. Jean-François Copé avait de son côté adressé la veille une lettre de soutien au
mouvement, indiquant qu'il ne pouvait "malheureusement pas " y
participer car "en campagne électorale " le même jours pour l'élection
du président de l'UMP à laquelle il est candidat. Il a cependant assuré que
plusieurs de ses "amis " seraient présents : parmi eux, les maires
UMP des VIe et XVIe arrondissements de Paris, Jean-Pierre Lecoq et Claude
Goasguen. Ils pourraient retrouver dans le cortège des fillonistes comme les maires
des Ier et XVe arrondissements, Jean-François Legaret et Philippe Goujon, qui avaient annoncé leur participation.
S'il s'agit d'un rassemblement hétéroclite, les opposants au projet considèrent la journée de samedi comme un galop d'essai : ils appellent à une manifestation nationale le 13 janvier.
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