Pêcheurs: la grève faiblit en France, mais gagne le sud de l'Europe

Si certains pêcheurs français, à l'origine du mouvement en Europe, ont mené de nouvelles actions coup de poing, des divisions sont apparues après plus de deux semaines de mobilisation et l'annonce d'aides d'urgence mercredi dernier. Les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer, le plus grand port de pêche du pays, ceux de Calais et Dunkerque ont notamment décidé de suspendre la grève jusqu'à la réunion des ministres européens de la Pêche les 23 et 24 juin. Mais ils ont promis de poursuivre leur mouvement "sous une autre forme", en refusant notamment les contrôles maritimes, jusqu'à cette réunion.

D'autres pêcheurs, notamment dans l'ouest du pays et en Méditerranée, continuaient à protester. Dans l'ouest, des pêcheurs ont installé des barrages filtrants et déversé trois tonnes de poisson sur la chaussée. Dans le sud, une cinquantaine de marins-pêcheurs se sont emparés des produits de la mer d'une grande surface pour les donner aux passants à Perpignan tandis que dans la région de Marseille, la police est de nouveau intervenue pour empêcher le blocage de plusieurs sites pétroliers.

Grève totale vendredi en Espagne, au Portugal et peut-être en Italie

En Espagne, le mouvement des petits patrons-pêcheurs dans plusieurs ports de Méditerranée se poursuit dans les ports catalans de Barcelone, Port de la Selva, Vilanova et en Andalousie. La flotte hauturière espagnole de l'Atlantique commence à revenir dans les ports de Galice, des Asturies et du Pays Basque en prévision d'un appel à une "grève illimitée", à partir de vendredi, lancée par la principale organisation patronale de la pêche. Une manifestation nationale est également prévue à Madrid.

Les pêcheurs portugais, qui rencontraient dans la journée leur ministre, se mettront aussi en grève illimitée vendredi. Ils réclament que leur secteur soit reconnu comme une "activité stratégique" et bénéficie à ce titre d'une "exonération des impôts et taxes qui asphyxient le secteur". Mais le gouvernement portugais a exclu la semaine dernière toute nouvelle aide, en soulignant que pêcheurs et agriculteurs bénéficiaient déjà d'une réduction de 50% sur le gazole et que la hausse du prix des carburants "touche tous les Portugais". Selon un représentant des pêcheurs, la paralysie du secteur devrait être "totale" à partir de vendredi, à l'exception des archipels des Açores et de Madère, où le prix des carburants est plus bas en raison d'une fiscalité allégée.

En Italie, les instances des pêcheurs se réunissent dans la journée pour décider éventuellement d'un mot d'ordre de grève vendredi. La France, qui assurera au 1er juillet la présidence de l'UE, et l'Espagne, ont demandé le versement d'aides directes pour calmer la colère des pêcheurs, mais les 27 sont divisés sur la question. Le secteur de la pêche fait vivre quelque 400.000 personnes dans l'UE, principalement en Espagne, France, Italie et Portugal.