"Lacunes" et "situations burlesques" dans deux centrales nucléaires visitées par surprise
Deux parlementaires ont voulu vérifier cette semaine si les centrales nucléaires françaises étaient capables de résister à un incident nucléaire. Leurs visites inopinées ont révélé des défaillances dans les procédures de sécurité.
"Burlesques". Pas tout à fait l'adjectif auquel on pense pour qualifier les centrales nucléaires françaises… Deux parlementaires ont voulu vérifier cette semaine la résistance de ces dernières à un incident nucléaire. Leurs visites inopinées ont donné lieu à des "situations parfois burlesques", raconte le député Claude Birraux, qui a relaté les faits lors d'une conférence de presse jeudi 1er décembre. Elles ont surtout révélé des défaillances dans les procédures de sécurité.
La simulation d'une panne similaire à celle de Fukushima
Dans la nuit du mercredi 30 novembre au jeudi 1er décembre, Claude Birraux, député UMP et président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) se rend à la centrale de Paluel, en Seine-Maritime.
A sa demande, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) simule un accident similaire à celui survenu à la centrale japonaise de Fukushima en mars 2011 : "Une perte totale des alimentations électriques" et du diesel de secours du réacteur n°1. Une panne qui nécessite le branchement du réacteur n°1 sur le réacteur n° 2 pour rétablir l'alimentation en énergie.
Une documentation lacunaire et truffée d'erreurs
L'alerte fictive est lancée à 22 heures et les déconvenues s'enchaînent. A 23h30, les agents annoncent qu'une clé nécessaire pour ouvrir un panneau d'alimentation électrique est actuellement "en commande" et donc pas disponible sur le site.
A minuit, l'équipe entre dans le local électrique du réacteur n°1. Nouvelle surprise : "Les indications du document de procédure ne correspondent pas au panneau électrique". Les techniciens contournent la difficulté et décident de se raccorder au réseau du réacteur n°3.
Verdict de l'ASN, cité par l'Opecst : le guide technique d'EDF pour cette procédure comporte de "nombreuses erreurs" et "lacunes", et il n'était "à l'évidence pas opérationnel".
Claude Birraux salue tout de même la compétence des employés de la centrale : "Le personnel a su se poser de bonnes questions, n'est jamais resté bloqué devant ces situations parfois burlesques".
Même constat à la centrale du Blayais
L'inspection menée par le sénateur Bruno Sido, vice-président de l'Opecst, à la centrale du Blayais (Gironde) a abouti au même constat.
Il a fallu une demi-heure et quatre personnes compulsant frénétiquement leurs fiches EDF décrivant les consignes à suivre en cas d'incident pour répondre à la question suivante, posée par l'ASN : "Quel est le critère conduisant à l'arrêt du pompage d'eau en cas d'inondation ?"
Les agents d'EDF cherchaient dans la rubrique "pompage" alors que la réponse se trouvait dans la rubrique "inondation", a expliqué Bruno Sido.
Ces révélations sur les procédures de sécurité qui laissent à désirer sont assez inquiétantes, malgré les conclusions publiées le 17 novembre à la suite de l'audit des installations nucléaires françaises effectué par l'ASN après la catastrophe de Fukushima. Verdict : aucune des 58 centrales françaises n’aurait besoin d’être fermée. Une formule ambiguë subsiste néanmoins : les normes de sécurité peuvent être "légitimement considérées comme sûres". Les normes, oui, mais quid des installations ?
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