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Va-t-on se retrouver avec des déchets nucléaires recyclés dans nos objets du quotidien ?

L'État va poser la question du recyclage des déchets nucléaires faiblement radioactifs à l'occasion d'une nouvelle consultation publique en mars.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des déchets nucléaires entreposés dans le centre de stockage de Soulaines dans l'Aube (photo d'illustration). (OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP)

Faut-il recycler certains déchets nucléaires faiblement radioactifs ? C'est l'une des questions que l'État compte poser dans une nouvelle consultation publique organisée en mars 2019 sur la gestion de nos déchets et matières nucléaires.

Des stocks appelés à se multiplier

Actuellement, tous les déchets nucléaires sont entreposés dans des centres de stockage spécialisés. Mais à l'heure où l'on envisage de démanteler plus de réacteurs, la règle pourrait être remise en question pour certains déchets, ceux qu'on appelle les TFA : les déchets de très faible activité. Ce sont des bétons, des plastiques, des boues, des cendres mais surtout de la ferraille dont la radioactivité est proche de l'état naturel. Il y en a 500 000 mètres cubes environ aujourd'hui, stockés principalement dans un centre spécialisé à Soulaines, dans l'Aube. Mais ces quantités de déchets pourraient être multipliées par dix avec la fin de vie de nos vieux réacteurs. C'est pourquoi, une façon de trouver de la place serait de mettre en place un seuil en-dessous duquel ces déchets pourraient être recyclés.

Mais jusqu'à présent l'Autorité de sureté nucléaire (ASN) s'est opposée à cette doctrine. "C'est une question de traçabilité, explique Lydie Evrad, commissaire à l'ASN. Il faut s'assurer que ces déchets ne se retrouvent pas dans des biens de consommation grand public, y compris pour des populations sensibles, comme des jouets pour les enfants."

Des pieds de table radioactifs au Mexique

La France est donc encore aujourd'hui le seul pays au monde à ne pas accepter de seuil en-dessous duquel elle libérerait les déchets dans des filières de BTP par exemple. Yannick Rousselet, de Greenpeace France, pense qu'il ne faut pas revenir sur ce principe. "La France est de fait une exception, ce ne sont pas des militants écolos ou antinucléaires qui ont voulu cela, ce sont des contrôleurs de l'industrie nucléaire qui ont toujours pensé que ce serait une grave erreur", assure-t-il. "Ailleurs, ça se fait, poursuit Yannick Rousselet. On se rappellera des accidents au Mexique, où on a retrouvé de la radioactivité dans des pieds de table. Laisser des produits radioactifs, c'est forcément un jour ou l'autre les retrouver dans des produits de consommation." 

La traçabilité n'est en effet pas toujours évidente. Il y a dix ans la société Otis avait dû retirer les boutons de 600 ascenseurs en France. Leur ferraille en provenance d'Inde était contaminée par un résidu de déchet nucléaire, le cobalt 60. Le risque sanitaire était évidemment faible pour les usagers des ascenseurs mais plus problématique pour la société qui fabrique les boutons.

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