L'ex-patronne d'Areva admet "une part de responsabilité" dans les difficultés du groupe
Interrogée sur les mauvais résultats de son ancienne entreprise, Anne Lauvergeon reconnaît des erreurs stratégiques lors de son mandat, mais met également en cause l'Etat actionnaire.
Dans un entretien accordé aux Echos vendredi 13 mars, l'ancienne dirigeante d'Areva, Anne Lauvergeon, admet "une part de responsabilité" dans les difficultés du groupe nucléaire, tout en pointant les décisions de l'Etat, la crise du secteur de l'énergie et l'accident de Fukushima.
Interrogée sur les résultats catastrophiques annoncés par le groupe la semaine dernière – une perte de près de 5 milliards d'euros –, l'ex-chef d'entreprise affirme tout d'abord avoir été, "comme tout le monde", "surprise et choquée" : "Quand on passe dix ans à la tête d'un groupe, on porte forcément une part de responsabilité", admet-elle, se disant, quatre ans après son départ, toujours "très attachée à cette entreprise et à ses salariés".
"Fukushima a transformé le paysage nucléaire"
"Mais je ne supporte plus les contre-vérités qui circulent", se défend l'ex-dirigeante d'Areva. Selon elle, le secteur a dû faire face à "deux bouleversements" : une crise de l'énergie en Europe et l'accident de la centrale japonaise de Fukushima en 2011, qui a "transformé le paysage nucléaire". Or, "pour réduire la sensibilité d'Areva face à un risque d'accident nucléaire, nous avions diversifié les activités. Mais l'Etat nous a demandé de vendre un tiers de notre chiffre d'affaires en cédant en 2010 Areva T&D [transmission et distribution d'électricité]. C'était une décision politique que de recentrer Areva sur le nucléaire", affirme l'ancienne patronne du groupe.
Interrogée pour savoir si "c'est l'Etat actionnaire qui a failli", Anne Lauvergeon affirme qu'il "a tardé à donner à Areva les moyens nécessaires dans la compétition mondiale". La solution aux difficultés, selon elle ? A l'heure actuelle, "on aurait surtout un immense intérêt à une paix des braves entre EDF, GDF Suez et Areva". Avant de juger que "les conditions [lui] paraissent aujourd'hui réunies".
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