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EPR de Flamanville : la "méthode Coué" d'EDF

EDF a confirmé mercredi 16 novembre son intention de démarrer fin 2018 le réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dans la Manche. Les travaux sont presque terminés et les essais débuteront au printemps 2017, assure la direction.

Article rédigé par Célia Quilleret, Cécile Mimaut
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Les travaux de l'EPR de Flamenville sont quasiment terminés. Il n'y a plus de grue sur le chantier. (CELIA QUILLERET / RADIO FRANCE)

Le réacteur de troisième génération EPR de Flamanville, dans la Manche, démarrera comme prévu fin 2018, ont confirmé mercredi 16 novembre les dirigeants d’EDF lors d'une visite de presse avec une trentaine de journalistes. Même si l'autorité de sûreté nucléaire n'a pas encore rendu son avis, EDF l'assure : le "projet est sur les rails" et le calendrier sera tenu.

Reportage de Célia Quilleret au cœur du réacteur de troisième génération de Flamanville, l'EPR.

Lorsqu'il regarde, face à la mer, le dôme en béton qui abrite l'EPR de Flamanville, Bertrand Michoud, le responsable du chantier, ne cache pas sa fierté. Il est persuadé que cette machine surpuissante pourra bientôt produire deux fois plus d'énergie qu'une centrale classique. Un monstre de technologie, dont la première pierre a été posée il y a 9 ans.

Vu de l'extérieur, il n'y a plus de grue, comme si la centrale pouvait déjà fonctionner, mais à l'intérieur il y a toujours 4 300 personnes d'une vingtaine de métiers différents qui s'affairent dans tous les sens avec leurs casques, leurs gilets fluo et leurs bottes.

Les premiers essais d'ensemble débuteront au printemps 2017

Bertrand Michoud, chef de l'aménagement de Flamanville 3. (CELIA QUILLERET / RADIO FRANCE)

Bertrand Michoud montre aux journalistes "le réacteur, le dôme et la cheminée bleue qui permet de ventiler l’ensemble des locaux de l’îlot nucléaire tout en surveillant les rejets".

Dans les multiples couloirs et escaliers de la centrale, on se croirait à l'intérieur d'un circuit électronique avec 400 kilomètres de tuyaux et 2 000 kilomètres de câbles, un véritable labyrinthe entre les quatre générateurs de vapeur, la turbine, et surtout le cœur de la machine, le réacteur, avec son couvercle, objet de toutes les attentions.

"Vous avez face à vous la piscine du bâtiment réacteur au fond duquel se trouve la cuve. Aujourd’hui on est à 8% des essais fonctionnels, tout ce qui a été testé pour le moment fonctionne bien, et le début des essais d’ensemble est prévu au premier trimestre 2017", explique le responsable du chantier.

La sécurité au coeur du projet, assure EDF

En tout, plus de 1 600 essais ont été réalisés sur cette cuve. C'est plus que sur n'importe quelle composante de centrale dans le monde. Bertrand Michoud est intarissable sur les spécificités de cet EPR beaucoup plus sécurisé que les centrales classiques.

"Des dispositifs permettent de prendre en compte à la conception la conséquence des accidents graves. Si le cœur devait avoir un accident grave et s’il y avait fusion du cœur, il y a une zone où le matériau fondu peut s’étaler sans perforer  la dalle béton qui est en-dessous et donc sans impact sur l’environnement", assure-t-il.

La salle de commande de l'EPR sous l'œil de Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF en charge des projets nucléaire (à droite) (CELIA QUILLERET / RADIO FRANCE)

L'EPR rejette 17% de déchets nucléaires en moins qu'une centrale classique. La démonstration est appliquée. Pour Laurent Thieffry, directeur du projet Flamanville 3, il n'est plus question d'anomalies.

"Aujourd’hui nous disposons à peu près de 90% des résultats. Tous les résultats sont conformes aux requis. Les craintes étaient que la cuve ne soit pas assez résistante en cas de choc thermique lié à la réaction nucléaire. Ce que montrent les tests, c’est que cette cuve ne se rompra pas quelles que soient les conditions rencontrées", affirme  Laurent Thieffry, certain dit-il que le cœur nucléaire de Flamanville 3 "pourra battre sans problème à partir de fin 2018".

Pas de plan B

D'ailleurs EDF n'envisage aucun plan B si l'autorité de sûreté nucléaire ne donne pas son feu vert pour le démarrage de ce réacteur. Pour Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF en charge des projets nouveaux sur le nucléaire, l'enjeu est bien trop important pour la filière.

"Ces 10,5 milliards d’euros correspondent au budget que nous avions annoncé en septembre 2015 avec Jean-Bernard Lévy (PDG d’EDF). Il sera tenu. C’est le prix et coût de la 'tête de série' française de l’EPR dont nous tirons un retour d’expérience colossal qui va nous permettre d’envisager la suite, et en particulier d’envisager de construire de nouveaux EPR le jour où il faudra renouveler le parc nucléaire français", explique Xavier Ursat.

"Ces 10,5 milliards d’euros valident et valideront aussi la technologie EPR, y compris à l’export", ajoute-t-il, évoquant  notamment des projets en Inde.

La maquette de l'EPR de Flamanville. (CELIA QUILLERET / RADIO FRANCE)

En principe, l'autorité de sûreté nucléaire doit rendre son avis au premier semestre 2017. A Flamanville, le compte à rebours a commencé. Les responsables de ce projet colossal seront rassurés quand le combustible pourra enfin être chargé dans le ventre de cette énorme machine, mais ce ne sera pas avant 2018, si tout va bien.

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