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Coût réévalué à la hausse de l'EPR de Flamanville : "Une fuite en avant sans fin", dénonce l'association négaWatt

EDF a annoncé que la facture du chantier de l'EPR de Flamanville allait encore s'alourdir de 1,5 milliard d'euros. "Un immense gâchis", estime sur franceinfo Yves Marignac, spécialiste du nucléaire au sein de l'association négaWatt.

Article rédigé par franceinfo
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L'EPR de Flamanville, le 16 août 2019. (LOU BENOIST / AFP)

EDF a annoncé mercredi 9 octobre que la facture du chantier de l'EPR de Flamanville dans la Manche allait encore s'alourdir de 1,5 milliard d'euros. Le coût total va donc atteindre les 12,4 milliards d'euros. "On peut réellement se demander si ce vertige va s'arrêter un jour", a réagi sur franceinfo Yves Marignac, spécialiste du nucléaire au sein de l'association négaWatt. "Rien aujourd'hui ne permet de garantir que le scénario de réparation dans lequel EDF souhaite s'engager est susceptible d'aboutir", a-t-il ajouté.

franceinfo : Avez-vous le sentiment d'un immense gâchis ?

Yves Marignac : Oui. EDF s'engage dans une procédure de réparation de ces soudures sans aucune certitude sur le fait que cela aboutisse. Ce chantier ressemble à une fuite en avant sans fin et on se demande quels critères, quelles conditions permettraient de se poser la question de finir ou pas ce chantier. C'est vertigineux.

Quel est le problème ?

À la base, c'est un choix de conception d'EDF qui a consisté à mettre des exigences extrêmement fortes de qualité sur ces soudures de tuyauteries secondaires qui vont du bâtiment réacteur vers le bâtiment où on produit l'électricité. C'était de faire en sorte qu'elles ne puissent en aucun cas se rompre. EDF n'a pas assuré la qualité nécessaire pour répondre à ces exigences. Après plusieurs années d'instruction, la situation est qu'il faut absolument réparer ces soudures. Certaines d'entre elles sont entre les deux parois de l'enceinte du bâtiment réacteur et donc très difficiles à réparer d'où tout l'enjeu de la stratégie qu'annonce EDF et d'où les surcoûts extrêmement importants.

Il s'agit d'exigences trop élevées ? Ou est-ce qu'il y a un problème d'ingénierie ou plus largement de stratégie ?

Je ne crois pas qu'on puisse parler d'exigences trop élevées. Au contraire, c'est bien le contrat passé entre EDF et la Nation, d'une certaine manière, de faire avec cet EPR un réacteur atteignant des niveaux d'exigence significativement plus élevés que l'on connaît sur les réacteurs actuels. C'est un problème d'ingénierie sur la conception des moyens pour atteindre ces exigences et surtout de conduite de chantier, d'organisation dans la conduite des opérations notamment des soudures. Les premiers problèmes de soudure ont été détectés dès 2013. Il a fallu 2015 pour qu'EDF s'en saisisse et réalise qu'il y avait un sujet. EDF a encore attendu 2017 pour informer l'Autorité de sûreté nucléaire et 2019 pour réfléchir sérieusement à un moyen de les réparer. EDF a essayé dans un premier temps de les laisser en l'état. Il y a eu un défaut global de maîtrise de ces enjeux qui se traduit par la situation catastrophique dans lequel ce chantier se trouve aujourd'hui.

On peut rappeler que le calendrier initial tablait sur une mise en service en 2012, maintenant ce n'est pas avant 2022. Cet EPR va-t-il entrer en service un jour ?

On peut réellement se demander si cette fuite en avant va cesser, si ce vertige va s'arrêter un jour. Rien aujourd'hui ne permet de garantir que le scénario de réparation dans lequel EDF souhaite s'engager est susceptible d'aboutir. C'est-à-dire qu'on ne sait pas si la méthode est de nature à restaurer la qualité voulue et si EDF est capable d'appliquer cette méthode avec le sérieux exigé. Par ailleurs, ce problème a été découvert et est traité mais personne ne peut exclure que d'autres problèmes de qualité soient encore cachés sur le chantier. Il y a un immense point d'interrogation.

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