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Comment la chaleur et la sécheresse entraînent un fonctionnement au ralenti des centrales nucléaires

Après la centrale nucléaire de Golfech, c'est celle de Chooz dans les Ardennes qui est contrainte de baisser sa production d'électricité en raison de la canicule et de la sécheresse.

Article rédigé par Anne-Laure Barral - Édité par Camille Laurent
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La centrale nucléaire de Chooz, dans les Ardennes, est la deuxième à diminuer sa production d'électricité en raison des fortes chaleurs. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Les centrales nucléaires subissent aussi les fortes températures de cet été. EDF a annoncé que certaines fonctionnaient au ralenti comme la centrale de Chooz dans les Ardennes qui est contrainte de baisser sa production d'électricité comme l'avait fait avant celle de Golfech. Comment expliquer que les centrales souffrent aussi de la canicule et de la sécheresse ?

Les centrales, premières consommatrices d'eau

Pour refroidir leurs réacteurs, les centrales nucléaires ont besoin de beaucoup d'eau. Une eau fraîche que 13 de nos centrales prélèvent dans des fleuves comme le Rhône ou la Loire, mais aussi dans des rivières comme la Meuse dans le cas de la centrale de Chooz. Une eau que relargue EDF après l'avoir utilisée.

Quand le débit est trop faible à cause de la sécheresse ou quand la température de l'eau est trop élevée (en général au-dessus de 28°C) à cause de la canicule, la centrale doit réduire sa production voire arrêter ses réacteurs. "La consommation d'eau des centrales nucléaires les place comme les premières consommatrices d'eau parmi toutes les activités, explique Bernard Laponche, physicien nucléaire de l'association Global chance. Donc il y a une concurrence d'usage." Certaines sont particulièrement visées explique le physicien : "Celles qui sont de grande puissance comme Chooz, située sur la Meuse, qui n'est pas une rivière fantastique, et Cattenom sur la Moselle."

La consommation en eau des centrales est 60% supérieure à celle de l'irrigation pour l'agriculture.

Bernard Laponche, physicien nucléaire

à franceinfo

Pour EDF, cette adaptation est assez classique chaque été depuis dix ans pour préserver les poissons. Mais l'électricien doit aussi composer avec les autres usagers de l'eau, notamment ceux qui produisent de l'eau potable à partir de l'eau des rivières. Une production qui devient plus difficile, à cause du développement de bactéries quand l'eau relarguée est trop chaude.

La chaleur entraîne des problèmes techniques

Les fortes températures peuvent aussi affecter le fonctionnement de certains appareils d'une centrale nucléaire. La directrice générale adjointe de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Karine Herviou, estime notamment que cela peut empêcher les groupes électrogènes diesels de secours de tourner à plein régime si l'air est trop chaud. "Il y a plusieurs phases prévues en cas de grande chaleur, expose-t-elle, il y a par exemple une phase de vigilance avec une surveillance renforcée des températures dans les locaux." Si l'alerte se confirme, "EDF va mettre en place des climatiseurs mobiles et va arrêter certains systèmes qui ne sont pas essentiels à la sûreté des réacteurs pour limiter cet échauffement, explique Karine Herviou. Et puis, au pire, si la thèse d'alerte se confirme, les réacteurs sont arrêtés."

Un cercle vicieux dans l'avenir ?

Ces dispositions sont loin de poser un problème au réseau puisque l'on consomme beaucoup moins d'électricité en été qu'en hiver en France. Mais avec le développement de la climatisation, lorsqu'il fait un degré de plus au-dessus de la moyenne des températures estivales, nous avons besoin d'un demi réacteur en plus. Donc, avec les prévisions des experts du climat sur le développement des canicules et la réduction des débits des cours d'eau, il ne faudrait pas tomber dans un cercle vicieux où nous aurions besoin de plus d'électricité l'été à cause des climatiseurs alors que nos réacteurs sont moins disponibles.

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