Nicolas Sarkozy présente son "plan banlieue"
“Kärcher”, “racailles”. Voilà les mots qui riment avec Nicolas Sarkozy dans les banlieues. Avec son plan, enfin dévoilé aujourd'hui en intégralité, le président de la République espère désormais qu'il symbolisera le nouveau départ des quartiers sensibles, après 30 ans de crise.
Pas de déplacement prévu au milieu des tours pour l'occasion. Le chef de l'Etat préfère recevoir chez lui, à l'Elysée. La banlieue sera représentée par les invités : environ un millier d'habitants, de chefs d'entreprises, d'élus ou de responsables associatifs.
Et pas question de cafouillage ministériel non plus. C'est le maître des lieux lui-même qui prendra la parole, histoire d'éviter de nouveaux désaccords entre Christine Boutin et Fadela Amara, ou bien entre elles deux et François Fillon.
Les grandes lignes de ce plan baptisé “espoir banlieues” ont déjà été évoquées par la secrétaire d'Etat à la ville, Fadela Amara, le 22 janvier dernier, à Vaux-en-Velin, près de Lyon. Elles tiennent en trois chiffres :
- Une centaine de quartiers, jugés les plus difficiles sont concernés.
- 45.000 emplois pourraient être créés en trois ans.
_ - Le plan bénéficie d'un financement d'un milliard d'euros.
Ces premières annonces devront toutefois être confirmées par Nicolas Sarkozy avant d'être acquises. La ministre de tutelle de Fadela Amara, Christine Boutin avait en effet laissé laissé entendre le 22 janvier que ces chiffres étaient peut-être un peu trop optimistes.
Ce qui n'est pas contesté en revanche, ce sont les trois axes du plan :
- Insertion par le travail.
- Lutte contre l'échec scolaire.
_ - Désenclavement des quartiers.
“Il s'agit de donner leur chance à ceux qui veulent s'en sortir”, a commenté Nicolas Sarkozy.
_ Le mois dernier, en déplacement dans les Yvelines, le chef de l'Etat a aussi lâché que le plan comporterait des mesures spécifiques en direction des jeunes qui ont quitté l'école. Des mesures, mais probablement pas des aides sèches. Car il pose une condition : “que celui à qui on trouve une formation (...) se donne le mal de se lever le matin. C'est donnant-donnant”.
Mais avant même d'être annoncé, le plan “espoir banlieues” suscite déjà des réserves. Certaines associations doutent que les moyens suivent les annonces, quand l'heure est aux économies. “L'argent existe”, rassure Rachid Kaci, le conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions de diversité. “Mais il faut mieux le déployer. Peindre des cages d'escalier quand on sait qu'il faut raser n'a aucun sens.”
Par ailleurs, beaucoup sont échaudés par les politiques publiques dans les quartiers. La cour des comptes elle-même n'est pas tendre. Dans un rapport récent, elle épingle les retards de paiement aux associations, la lourdeurs des dispositifs, le manque de suivi des politiques ou le désengagement de l'Etat.
Et puis le nombre de plans, programmes ou lois annoncés à grand roulements de tambours depuis 1977 laisse rêveur pour un résultat aussi mince. “Nous n'avons pas le droit à l'erreur”, poursuit Rachid Kaci, tout en admettant que le risque est grand de provoquer encore plus de frustration et de colère si jamais ce nouveau grand plan échoue.
Grégoire Lecalot, avec agences
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