Michelito, 10 ans : trop jeune pour toréer ?

Le petit prodige devrait se produire demain après-midi dans les arènes de Fontvieille lors d'une compétition sans mise à mort réunissant de jeunes toreros des écoles taurines françaises, espagnoles et sud-américaines. Mais l'Alliance anticorrida ne veut pas entendre parler de cette exhibition. L'association s'étonne de voir un enfant au centre de l'arène. "Pour moi, il y a mise en danger d'autrui", déclare Claire Starozinski, présidente nîmoise de l'association. "Comment peut-on, quand on est un parent digne de ce nom, jeter ainsi son enfant dans l'arène ?"

Et c'est en brandissant le code du travail qu'elle a alerté la justice. "Une enquête a été confiée à la gendarmerie des Baux-de-Provence. Elle devra déterminer s'il y a effectivement infraction à la législation du travail concernant les mineurs de moins de 16 ans", a déclaré le substitut du procureur de Tarascon. En cas de rémunération et de contrat de travail, cette prestation serait en effet illégale, mais la mairie de Fontvieille soutient qu'aucune rémunération n'est prévue pour le jeune torero.

Au Mexique, où Michelito vit avec son père (le torero Michel Lagravère), on peut toréer et tuer de jeunes taureaux sans limitation d'âge. Et l'enfant prodige est déjà une star en Amérique latine. Les afficionados qui se pressent pour le voir ne le considèrent pas comme un phénomène de cirque, mais simplement comme un futur grand, qui, du haut de ses 10 ans et demi, a déjà mis à mort une soixantaine de taurillons. Ils le comparent même au El Juli des débuts.

En France, Michelito se plie à l'interdiction de mise à mort qu'il simule. Mais il s'agace des attaques des anti-corrida qui veulent l'empêcher de toréer. "J'aime beaucoup les toros: les combattre, c'est ma décision. Qu'ils ne viennent pas me voir s'ils s'inquiètent pour moi", déclare-t-il avec applomb.

Michelito dans les arènes de Lima (Pérou) en mars

 Anne Jocteur Monrozier