Marseille : l'incendie "sous contrôle", un militaire suspendu
Environ 1.300 hectares… c’est la zone parcourue par les flammes aux portes de Marseille. Une maison, cinq cabanons et une bergerie ancienne ont également été détruits par les flammes. Pour le reste "c’est de la bobologie" estime José Allegrini. Trois marins-pompiers, trois policiers et un civil ont été intoxiqués par les fumées mais aucune victime grave n’est à déplorer, se félicite l’adjoint au maire de Marseille chargé de la sécurité civile. Par mesure de précaution, plusieurs habitations ont été évacuées, notamment dans le quartier des Trois-Ponts, au sud-est de la ville. Quelque 120 pensionnaires d'une maison de retraite du quartier de La Panouse (sud) ont également dû quitter les lieux, tandis que 90 personnes ont fui un centre pour handicapés dans leurs propres bus.
Ce matin, la tendance est à l'optimisme. L’incendie est "circonscrit et sous contrôle" a annoncé vers 7h00 le commandant marins-pompiers de la ville de Marseille. Mais prudence insiste José Allegrini. "Le vent continue à souffler et le risque d’incendie continue d’être très fort dans le périmètre", explique-t-il, tandis que les Canadair sont toujours à pied d’œuvre pour tenter d’éteindre le feu.
UN GESTE MILITAIRE "IMBÉCILE, INADMISSIBLE ET SCANDALEUX"
Le feu a été provoqué par des balles traçantes de militaires qui s'entrainaient à proximité. Vous avez pu l'entendre sur France Info, le préfet des Bouches-du-Rhône, Michel Sappin, a condamné fermement ce geste "imbécile, inadmissible et scandaleux". L'exercice militaire d'hier est d'autant plus étonnant que l'usage de balles traçantes est en principe interdit dans le département à cette période de l'année. José Allegrini, qui est également délégué aux affaires militaires à Marseille, connaît bien la règlementation. Elle "extrêmement claire et rigoureuse", affirme-t-il. Elle "interdit les tirs à balles traçantes dans la zone méditerranéenne pendant la période estivale, justement pour éviter ce genre de conséquences", précise-t-il. "Donc, si quelqu’un a pris une initiative de cette nature c’est une initiative qui est en contravention avec les règlements militaires", ajoute-t-il. Et c'est visiblement le cas puisqu'on apprend dans la matinée que le militaire responsable de ces tirs a été suspendu de ses fonctions. Il s'agit d'un chef de section du premier régiment étranger de la Légion à Aubagne dont le nom n'a pas été dévoilé.
"LE POMPIER FAIT CE QU’IL PEUT, LE FEU FAIT CE QU’IL VEUT"
Mais outre la polémique qui enfle autour de l'origine de cet incendie, comment ce feu, qui a démarré dans l'après midi à Carpiagne, a-t-il pu arriver en fin de journée aux portes de Marseille ? C’est la question que se posent beaucoup d’habitants aujourd'hui. Selon José Allegrini, les moyens "très importants et très rapides" déployés ont été à la hauteur. Plus de 500 hommes sur le terrain, 120 véhicules, deux hélicoptères bombardiers d’eau de la ville de Marseille, deux autres des Bouches-du-Rhône, des Canadair. Mais "la multiplicité des feux" et le vent n’a pas facilité la tâche aux secours et "la simultanéité dans la gestion des sinistres conduit quelque fois à des sujets d’étonnement", commente-t-il. Quels que soient les moyens ils ne suffiront jamais face à la "furie des éléments", résume l’adjoint au maire, vieux proverbe de pompier à l’appui, "le pompier fait ce qu’il peut et le feu fait ce qu’il veut".
ZONES D'HABITATION DANGEREUSES ?
Certains Marseillais dénoncent également la politique du plan d'occupation des sols, qui a permis de construire des habitations dans des zones à risque. Président du conseil des risques urbains de la ville, José Allegrini assure que l’autorisation de nouvelles constructions répond à une évaluation de l’ensemble des risques, dont les risques incendie. Les habitations plus anciennes en revanche ont parfois été construites de façon plus "désordonnée", reconnaît-il. "Mais que penseraient les habitants de ces zones en lisière végétale si on leur demandait de quitter leur maison alors qu’ils y sont habituellement dans la quiétude et la tranquillité péri-urbaine ?"... interroge l'adjoint au maire de Marseille.
Cécile Mimaut
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