Lemariage homosexuel fait réellement son entrée dans le débat politique enjanvier 2012 : François Hollande, candidat à l'élection présidentielle, dévoileses60 promesses de campagne le 26 janvier. Sa proposition numéro 31 se résumeà une seule phrase : "J'ouvrirai le droit au mariage et à l'adoptionaux couples homosexuels ".Depuisson élection, François Hollande a fait du mariage homosexuel, devenu "Mariagepour tous", l'une des mesures symboliques de son début de quinquennat... auprix de vifs débats et d'affrontements dans la rue. Un feuilleton qui s'achèvece mardi, avec le vote solennel, en deuxième lecture, du projet de loi parl'Assemblée nationale. Un vote qui, sans surprise, devrait voir adoptédéfinitivement le Mariage pour tous.La présentation du texte Le 3 juillet 2012 ,Jean-Marc Ayrault annonce que le mariage et l'adoption s'ouvriraaux couples homosexuels au premier semestre de l'année 2013. A la fin del'été, la Garde des Sceaux Christiane Taubira précise ce que seront lesorientations majeures de cette loi : dans un entretien accordé au journal LaCroix , le 10 septembre , la ministre préciseque le texte permettra aux couples homosexuels de se marier et d'adopter"dans les mêmes conditions que les couples hétérosexuels ",mais que le projet n'abordera pas la Procréation médicalement assistée.Le 7 novembre , le projet estadopté en Conseil des ministres. De nombreuses réactions réticentes se fontentendre àdroite et dans l'Eglise catholique. L'opposition se cristallise autour d'uncollectif associatif, "Manif pour tous ", qui appelle àmanifester le17 novembre . Entre 70.000 et 200.000 personnes défilent dans les ruesde Paris, au rythme de slogans comme "Tous nés d'un homme et d'unefemme ". Une femme fait son apparition comme porte-parole de cecollectif : l'humoriste Frigide Barjot.Lespartisans du mariage pour tous, quant à eux, organisent une "marche pourl'égalité" le16 décembre , qui réunit entre 60.000 et 150.000 participants. Opposantscomme défenseurs organisent chacun une dernière manifestation avant le débutdes débats parlementaires, respectivement le 13janvier et le 27janvier .Le vote à l'Assemblée nationale 29 janvier 2013 : Ledébat s'ouvre à l'Assemblée nationale. C'est Christiane Taubira, porteuse duprojet de loi, qui ouvre la séance par un discours ovationné par la gauche,sans notes, truffé de références littéraires. Pendant deux semaines, les députésvont discuter, jour et nuit, les 5.000 amendements déposés par l'opposition. Ilsadoptent l'article premier du texte, celui qui ouvre le mariage aux personnesde même sexe, le 2 février.Levote solennel du texte à l'Assemblée a lieu le 12 février . Seulsquelques députés UDI et UMP votent pour la loi, en plus des députés de lamajorité. Les députés PS scandent "égalité " à l'annonce desrésultats du vote, après ces deux semaines de débats qui ont donné lieu à desmoments forts, comme ce fou rire contagieux de Christiane TaubiraRadicalisation des antis, et vote au Sénat24 mars : Une nouvelle"Manif pour tous" est organisée. Les organisateurs, qui se sont vus interdire une manifestation sur les Champs-Elysées, appellent au rassemblementdans les avenues environnantes. Mais le rassemblement déborde sur la place del'Etoile. Des incidents éclatent, 98 personnes sont interpellées.Le 4 avril, le projet deloi arrive au Sénat, dans un climat très tendu. Presque chaque jour, desopposants mènent des actions anti-mariage pour tous devant le Palais du Luxembourg.Letexte est adopté par un vote à main levée des sénateurs le 12 avril . Legouvernement annonce que le calendrier parlementaire sera avancé, de sorte quele texte revienne à l'Assemblée dès le mercredi suivant, et non courant maicomme prévu. Une nouvelle manifestation des opposants a lieu devant le Sénat."Hollande veut du sang, il en aura ", s'insurge Frigide Barjot.L'ultime adoption Letexte revient à l'Assemblée en seconde lecture le 17 avril , sur fond defortes tensions. Des incidents à caractère homophobe sont signalés dansplusieurs villes de France, alors que des élus reçoivent des menaces. Dansl'hémicycle aussi, la tension monte.Dansla nuit du 18 au 19 avril, lesdéputés manquent d'en venir aux mains. Les débats se terminent en plugilat."Cela fait trente ans que je siège dans cet hémicycle, je n'ai jamaisvu ça " raconte Alain Vidalies, ministre des relations avec leParlement.Ledimanche 21 avril , deuxrassemblements ont lieu simultanément à Paris. De Denfert-Rochereau auxInvalides, les militants de la "Manif pour tous" disent ne rien lâcher,et protestent une nouvelle fois contre l'adoption de la loi. Ils sont 270.000selon les organisateurs, 45.000 d'après la police. Sur l'autre rive de laSeine, à l'appel de l'association Act-Up, plusieurs milliers de personnes(entre 3.500 et 15.000) se rassemblent contre l'homophobie.Le mardi 23 avril , à 17h07 précises, l'Assemblée nationale adopte, par 331 voix contre 225, le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Christiane Taubira se présente, très émue au micro. Les sénateurs UMP et UDI, eux, déposent immédiatement un recours devant le Conseil constitutionnel. Les pros et les anti-mariage pour tous se retrouvent non loin de l'Assemblée nationale.