Passez la souris sur les photos pour accéder aux reportages."Le droit d'avoir une vie banale" Avec humour, Florian brandit sa pancarte "Moi aussi jeveux divorcer". Comme des dizaines de milliers de personnes, il est venumanifester à Paris pour réclamer la simple égalité des droits pour les coupleshomosexuels. "Il est temps que cette loi soit votée" , explique lejeune homme qui défile avec son compagnon, Samuel. "Nous aussi on a ledroit d'avoir des droits. On a le droit au mariage, au divorce. Tout simplementle droit d'avoir une vie banale comme tout le monde", raconte Samuel.Un peu plus loin, la foule avance. Le camion sono lance quelques slogans décalés, timidement repris parla foule "On veut le mariage, le veuvage et l'héritage. On veut aussil'adultère, le divorce et la pension alimentaire" . Des couples homosexuelset hétérosexuels marchent côte à côte pour réclamer cette égalité : "Et on la veutmaintenant !" scande la foule."La manif pour tous m'a choqué" Cette manifestation est également l'occasion pour denombreuses personnes d'exprimer leur peur face à l'homophobie. Beaucoup ledisent, c'est à la suite de la manifestation d'il y a 15 jours contre le mariage pour tous qu'ils sontvenus manifester. "La Manif pour tous – qu'il faut lire comme étant la manifcontre certains – m'a choqué" , décrypte Patrick. "Moi je suis vieux, mais je pense aux jeunes qui peuvent se sentir perturbés par ces propos haineux", raconte-t-il"C'est la première fois que je manifeste", expliqueEmmanuelle qui se sent "insultée depuis deux mois alors que je n'avaisjamais ressenti d'homophobie depuis que je me suis aperçue que je suis homosexuelle" .Même son de cloche chez Isabelle : "D'habitude, les manifs ce n'est pas vraiment mongenre mais là, je me sens obligée de le faire. Leur discours fait peur, leurs arguments sont faux. En venant ici on veut prouver qu'on n'est pasdifférent, qu'on est apte à élever des enfants"."Légalement, je ne suis rien pour les enfants" ** Car c'est l'une des grandes revendications de cette manifestation: les droits pour les enfants. Et dans le cortège, de nombreux coupleshomosexuels avancent en poussant des poussettes. C'est le cas d'Emmanuel etBenoît pères de deux enfants, Isaac etIsmaël. Benoît est le père aux yeux de la loi – les enfants l'appellentd'ailleurs papa. Emmanuel, – lui c'est "daddy" – veut que sa famillesoit enfin reconnue. "On est ensemble depuis 12 ans, pacsés depuis six.Isaac et Ismaël ont quatre ans et huit mois. Pour l'instant la loi ne nousreconnaît pas comme une famille. Légalement, je ne suis rien pour les enfants,juste un étranger". Thomas porte haut une pancarte qui proclame "J'ai deux mères et mes repères". S'il est là, c'est pour défendre "les droits de ma mère et de ma belle-mère" . "Ma mère a fait ce choix de sexualité et je le vis bien" , explique le jeune lycéen qui poursuit : "Je suis bien éduqué par mesdeux parents, j'ai de bonnes notes. C'est un bon équilibre de vie. Je suisheureux dans ma vie"."C'est pas parce que j'ai choisi un style de vie que je ne peux pas avoird'enfants" Et quand la question des enfants est abordée, de nombreux manifestants évoquent le débat sur la PMA, la procréation médicalement assistée. Initialement prévue dans la loi, le sujet a été reporté et intégré au projet de loi sur la famille discuté en mars prochain. Hélène est donc descendue dans les rues pour rappeler "sa promesse de campagne" à François Hollande. Ce dernier n'avait pas placé la PMA dans ses 60 engagements mais formulé cette promesse dans ses interviews. "Aujourd'hui, on veut que toutes les femmes accèdent à la PMA à l'hôpital à côté de chez elles. Qu'on ne soit pas obligée d'aller à l'étranger" , explique Hélène. Dans un sourire, Charlotte raconte qu'elle travaille dans le domaine de l'insémination artifielle. "Je suis lesbienne et j'aimerais bien avoir des enfants. Ce n'est pas parce que j'ai choisi un certains style de vie que je ne peux pas en avoir.""Cela existe depuis dix ans en Belgique, le pays ne s'est pas écroulé" Au centre du cortège, quelques centaines de Belges sont venus prêter main forte aux manifestants Français. Ils sont là pour "montrer l'exemple", disent-ils. En Belgique, le mariage a été ouvert à tous il y a dix ans "et le pays ne s'est pas écroulé, on vit toujours. La famille est toujours une institution intéressante" , explique Mathieu.Pour ce trentenaire, qui fait l'aller-retour dans la journée, "il y a eu du débat en Belgique au moment de l'adoption de la loi, mais pas comme en France. Le débat a été beaucoup plus serein et dix ans après toutes les familles sont acceptées".