Les raffineries et les lycées à la pointe du conflit des retraites
Comme annoncé, le conflit des retraites s'est considérablement durci en quelques jours. Mais les transports, cette fois, n'auront pas été ceux qui ont fait monter la température.
Depuis la dernière journée d'action de mardi, le nombre de grévistes n'a en effet cessé de refluer à la SNCF, malgré la reconduite de la grève. La direction annoçait 20% de grévistes hier, contre 40 mardi. Même si la CGT conteste ces chiffres, elle reconnaît la tendance. Toutefois, si la direction de la SNCF annonce une amélioration, elle recommande aux voyageurs qui voudraient se rendre dans le sud ce week-end de différer leur voyage.
A la RATP, la grève a encore moins pris. Le trafic est redevenu quasi normal dans les transports parisiens, avec 6% de grévistes hier. Normalité aussi dans les transports urbains de province et de banlieue, ainsi que dans les aéroports, où la grève n'a pas été reconduite.
La France pourrait pourtant éprouver quelques difficultés à circuler dans les prochains jours. Mais sur les routes. Car si le mouvement de contestation de la réforme des retraites ne prend pas massivement dans les transports, il est bien lancé dans les raffineries et les dépôts de carburant. Dix des douze raffineries sont affectées par des
grèves très suivies et les dépôts de Fos (Bouches-du-Rhône), de Vatry (Marne) et de Bassens (Gironde) bloqués. Tout en démentant toute pénurie à la pompe, le gouvernement a tout de même autorisé les pétroliers à puiser dans leurs “stocks de réserve”, soit 11 jours de consommation. Et il a aussi donné son feu vert aux importations de carburant.
LES JEUNES DE PLUS EN PLUS MOBILISES
Les jeunes, lycéens et étudiants, ont aussi confirmé leur mobilisation grandissante. Plus de 700 lycées ont en effet été bloqués, selon les associations lycéennes, 340 d'après le ministère de l'Education nationale. Lycéens et étudiants sont descendus dans la rue, sans attendre la journée de manifestations de samedi. A Paris, plusieurs milliers d'entre eux ont défilé entre Saint-Sulpice et l'opéra Garnier. Un autre cortège s'est formé devant le Medef. Le syndicat étudiant Unef recense aussi des manifestations à Toulouse, Rennes (où l'université Rennes 2 a été brièvement fermée), à Bordeaux, Brest, Perpignan, Reims, Orléans, Tours, Montpellier et Caen.
Le syndicat lycéen Fidl appelle à poursuivre les manifestations aujourd'hui, devant l'Hôtel Matignon, à Paris, avec un mot d'ordre : “ni bambins, ni pantins”, référence à la polémique lancée par l'UMP sur les appels à manifester en direction des jeunes.
De son côté, l'UNEF "n’appelle pas aujourd’hui au blocage des universités ". "On sent un vrai ras-le-bol, de la colère" mais "ce n’est ni mai 68, ni le mouvement contre le CPE", tempère Jean-Baptiste Prévost, le président du principal syndicat étudiant, qui était l’invité de Marc Fauvelle ce matin sur France Info. "Il faut permettre aux jeunes de s’exprimer et d’organiser leur mobilisation dans la durée ", poursuit-il. "Il faut aller jusqu’à ce que le gouvernement entende ce qu’il se passe dans le pays", estime Jean-Baptiste Prévost, qui invite le président de la République à " vite rouvrir le dialogue ", notamment avec les jeunes.
Ces derniers jours, certains défilés ont dégénéré en affrontements avec la police, à Lyon, à Chambéry, en banlieue parisienne, à Montargis ou à Nantes. A Saint-Denis, 11 policiers ont été blessés par des jets de projectiles et des dégradations ont eu lieu. A Montreuil, un jeune de 16 ans a essuyé un tir de flashball au visage. Il doit être opéré, vicitime de fractures multiples et une jeune fille a été blessée par des pétards à Bordeaux. la police a procédé à 90 interpellations en banlieue parisienne et 22 à Lyon.
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