Les postiers mobilisés contre l'ouverture du capital
Outre la grève, des défilés et des rassemblements sont annoncés par les syndicats à Lille, Marseille, Bordeaux, Rennes, Nantes, Lyon, Montpellier, Agen, Strasbourg, Nevers, Auxerre, Vierzon, Orléans, ou encore Clermont-Ferrand. "Tout va être fait pour minorer la grève, mais on s'attend à une mobilisation importante", a déclaré Jean-François Dannely, secrétaire de la fédération CGT des Postes et des télécommunications. Selon la CGT, La Poste emploie 288.000 salariés, dont 56% de fonctionnaires.
Le secrétaire d'Etat à l'Industrie et à la Consommation Luc Chatel a déclaré : "s'il y a un postier sur quatre qui montre une inquiétude ou des interrogations sur l'avenir de La Poste, c'est important que le gouvernement puisse y répondre". Luc Chatel a toutefois ajouté: "Ce que j'observe, c'est qu'il y a trois postiers sur quatre qui travaillent aujourd'hui (mardi, ndlr), c'est un signe important".
Les syndicats dénoncent de leur côté "la volonté de la direction et du gouvernement de privatiser La Poste et de passer en force". Ils estiment que la vente, même partielle, à des actionnaires privés risque d'avoir des conséquences négatives pour l'emploi et le maintien des missions de service public.
Le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly a rappelé "qu'il y a des précédents sur ce type de dossier". "Je pense en particulier à France Télécom ou à Gaz de France (...) A chaque fois, les pouvoirs publics ont dit: 'on va juste ouvrir un peu le capital, ne vous inquiétez pas', et quelques années après, c'est l'entreprise en tant que telle qui est devenu privée". Ajoutant qu'un service public est "fait pour être efficace, pour être productif, mais il n'est pas fait pour être rentable". Les opposants au projet demandent que soit organisé "un vrai débat public" et certains brandissent la menace d'un référendum.
Pour voir le jour dans les conditions prévues par la Constitution révisée en juillet, un référendum "d'initiative parlementaire et populaire" devrait être demandé par 182 parlementaires, disposant du soutien d'environ 4,5 millions de citoyens. Selon un récent sondage Ifop, 56 % des personnes interrogées (contre 43 %) se disent hostiles à l'ouverture du capital de ce service public.
Face à la montée de la contestation, Nicolas Sarkozy a demandé le 17 septembre qu'une commission se penche sur l'avenir et le développement de La Poste dans la perspective de la libéralisation de l'activité postale dans l'Union européenne. Elle comptera 22 membres - des personnalités qualifiées, notamment des clients de La Poste, ainsi que des représentants des salariés de l'entreprise, des organisations syndicales, des parlementaires et de l'Etat. Elle aura deux mois - octobre et novembre - pour réfléchir et donner ses recommandations. Selon le communiqué de l'Elysée, elle devra "veiller au maintien des droits et des statuts des personnels de l'entreprise et conforter les missions de service public de La Poste."
Caroline Caldier avec agences
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