Les médecins hospitaliers très remontés contre leur ministère
La révolte gronde, à l'hôpital. Et les sujets de mécontentement sont légion.
_ Il y a d'abord, et surtout, le manque de reconnaissance dont se disent victimes les médecins-urgentistes. C'est d'eux que la grève est partie, le soir de Noël. Les urgentistes veulent une vraie reconnaissance de la pénibilité de leur travail, et donc un paiement décent de leurs gardes et astreintes. Ils ont été rejoints dans leur mouvement hier par deux syndicats d'anesthésistes-réanimateurs.
Il y a aussi les 23 millions d'heures supplémentaires impayées, et les 3,5 millions de jours de congés accumulés dans les Compte épargne temps par tous les salariés de l'hôpital. C'est l'objet de la réunion prévue lundi au ministère de la Santé. Une réunion de concertation, pour parler ensemble, et éventuellement trouver une solution.
Au lieu de calmer les esprits, l'annonce de cette réunion n'a fait qu'empirer la situation.
D'abord parce que les grévistes actuels n'y ont pas été invités. Les quatre syndicats qui vont voir la ministre “ne nous représentent pas” assène Patrick Pelloux. Et le président de l'Association des médecins urgentistes ajoute : “nous estimons à l'heure actuelle qu'il y a un mépris profond, je dis bien profond, de nos revendications qui sont légitimes. Nous n'avons pas volé l'argent, ce n'est pas un conflit pour demander plus, mais simplement pour qu'on paye ce qu'on nous doit.”
Ensuite, parce que deux des syndicats invités lundi se font de plus en plus menaçants. Dans un communiqué commun, l'INPH et la CPH, qui représentent 80% de l'ensemble des praticiens hospitaliers, préviennent : “si le gouvernement n'apporte aucune réponse concrète dans les prochains jours, cette grève est appelée à se durcir et à s'élargir. Non seulement une généralisation (à l'ensemble des praticiens hospitaliers, ndlr), mais
également d'autres moyens d'action seront alors à l'ordre du jour.”
Une réunion est prévue le 14 janvier, entre syndicats du personnel hospitalier, pour élargir le mouvement. Une journée “hôpital mort” est même déjà envisagée le 24 janvier, jour de grève nationale dans la fonction publique.
Pour l'heure, la grève n'a aucune incidence sur les soins. Les médecins grévistes sont assignés, et travaillent normalement. Ce qui rend le comptage assez difficile : le ministère avance 7,35% de grévistes la nuit dernière, les syndicats, eux, parlent de 50 à 90% de grévistes, en fonction des départements.
Guillaume Gaven
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