Remonter le bout de la chaîne, même s'il faut traverser l'Atlantique : 14 anciens salariés de l'usine d'Hénin-Beaumont préparent leur dossier depuis deux ans et depuis vendredi, ils sont aux Etats-Unis,déterminés à se faire entendre."On ne peut pas laisser ce Mitt Romney devenirprésident sans rien faire. Il est responsable de tout ça. Si la classe ouvrièreaméricaine voit tout ça, notre détermination, il y aura forcément un impact et s'ilest élu, on attendra quatre ans mais il n'est pas au-dessus des lois ",s'indigne Lucien Gayard, un des ex-salariés.En 2007, 205 salariés sur le carreauL'histoire de ces nordistes commence à Hénin-Beaumont, en2005, quand leur usine est cédée pour un euro symbolique à deux repreneurs, quiambitionnaient de faire du site un fleuron du panneau solaire. Six millions d'eurossont versés par Samsonite pour maintenir l'activité du site : aucunpanneau solaire ne vera jamais vu le jour. En 2007, liquidation : 205salariés se retrouvent sans emploi. En juin 2012, la cour d'appel de Paris confirmeles peines de prison ferme infligées en première instance aux repreneurs pouravoir sciemment provoqué la faillite de l'entreprise.Un "leurre", une "farce"Aujourd'hui, devant la justice américaine, c'est à Bain Capital,le principal actionnaire de Samsonite lors de la cession, que Me Fiodor Rilov s'attaque.Selon lui, le fonds d'investissement créé par Mitt Romney (il l'a quitté en 1999)aurait fomenté avec Samsonite le projet de reprise, "un leurre, une farce ".L'action qu'il mène devant la cour fédérale du Massachussets vise à demander "aujuge de considérer qu'une violation du droit français en toute connaissance decause est nécessairement une infraction au droit américain ".De Hénin à Boston, destination New-YorkSamedi, les ex-Samsonites ont rejoint les rangs des employésde l'usine automobile Sensata de Freeport, dans l'Illinois, pour manifesteravec eux contre la délocalisation de leur entreprise en Chine, décidée par BainCapital. Aujourd'hui, ils doivent déposer plainte auprès d'un tribunal à Bostonavant de rejoindre leurs collègues américains devant le siège de Bain Capital àNew York.Le temps de la justice est long : il lui faudraprobablement des semaines, des mois, avant que la justice ne se prononce. Sauf si le contextede la campagne pour l'élection présidentielle venait opportunément la presser :les médias et le parti démocrate ne se privent pas pour rappeler le passé decelui qui a promis, lors du premier débat télévisé de début octobre, de "remettre l'Amérique au travail ".Et de créer "12 millions d'emplois ".