Le faux directeur d'aéroport et autres histoires d'imposteurs de haut vol
Le directeur de l'aéroport de Limoges, Philippe Gaillard, vient d'être licencié pour avoir entièrement falsifié son CV. FTVi vous dresse son portrait, ainsi que celui de trois autres mythomanes célèbres.
"De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace." Plus de deux siècles plus tard, la formule de Georges Danton sied comme un gant aux imposteurs modernes. Alors que le directeur de l'aéroport international de Limoges (Haute-Vienne) vient d'être remercié pour avoir entièrement falsifié son CV, FTVi dresse le portrait de quatre des mythomanes français les plus culottés de ces dernières années.
• Philippe Gaillard, un petit nouveau sur la piste
"Personne n'a eu l'esquisse d'un début de soupçon. Il a totalement fait illusion." L'aveu du directeur de la Chambre de commerce et d'industrie de Haute-Vienne, Jean-Pierre Limousin, passerait presque pour un hommage. Le quotidien régional Le Populaire du Centre a révélé, jeudi 9 février, que le directeur de l'aéroport de Limoges était surtout un professionnel du mensonge, absolument pas qualifié pour le poste qu'il occupait depuis novembre dernier.
Philippe Gaillard, 44 ans, a fourni une fausse certification de diplôme d'ingénieur et un faux casier judiciaire, ne mentionnant pas ses précédentes condamnations pour faux et usage de faux, escroquerie, abus de confiance, vols. En 1998, la cour d’appel d’Agen l’avait condamné pour s'être fait passer trois ans plus tôt pour un policier. En 1996, il aurait falsifié des documents militaires.
Un imposteur dans un aéroport, voilà qui rappelle l'histoire de Frank Abagnale Junior, portée à l'écran en 2003 par Steven Spielberg, dans Arrête-moi si tu peux, avec Leonardo DiCaprio et Tom Hanks.
• Jean-Claude Romand, faux médecin de l'OMS, vrai criminel
Pendant dix-huit ans, il s'est inventé une vie de médecin brillant à l'OMS, qui faisait la fierté des siens. En janvier 1993, criblé de dettes et pris à son propre piège, il a mis fin à l'imposture en tuant sa femme, sa fille, son fils et ses parents, avant d'essayer de se suicider. L'histoire de Jean-Claude Romand a été largement médiatisée et a été l'objet, en 2000, du livre L'Adversaire, d'Emmanuel Carrère, adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia, avec Daniel Auteuil.
Un parallèle existe entre l'histoire de Jean-Claude Romand et celle de Xavier Dupont de Ligonnès, soupçonné d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants l'année dernière à Nantes. "Un emploi fantôme, une maîtresse, des dettes importantes, des exécutions 'méthodiques'. Le drame de Nantes a des similitudes troublantes avec l'affaire Jean-Claude Romand", relève le site d'Europe 1.
• Philippe Berre, le chef de chantier
Après l'inondation, le fonctionnaire bidon. Dévasté par la tempête Xynthia en 2010, le village de Charron (Charente-Maritime) a été pendant quatre jours le terrain de jeu de Philippe Berre, alias "M. Leberre". Arrivé au volant d'un 4x4 volé à l'Inventaire forestier national, il a réussi à passer environ 40 000 euros de commandes en se faisant passer pour un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture, sans payer ses notes d'hôtel ou de restaurant.
"C'est moi qui ai inspiré le film avec François Cluzet", a-t-il spontanément déclaré aux gendarmes lors de son arrestation, rapporte le Parisien.fr. Réalisé par Xavier Giannoli, A l'origine racontait l'imposture de ce même Philippe Berre qui, en 1997, s'était fait passer pour un chef de chantier et était parvenu à créer des emplois et à relancer le chantier de l'autoroute A 28 à Saint-Marceau, dans la Sarthe.
• Abdel-Karim Serhani, le faux prince arabe
Il a su créer l'illusion des pétrodollars. Né à Tourcoing (Nord) en 1983, Abdel-Karim Serhani livre son premier numéro en 2008 en déclarant qu'il est un prince saoudien, dans une boîte d'Anvers, en Belgique. "On lui sert champagne, filles et grâce à la rencontre ce soir-là d'un patron d'hôtel prestigieux, il enchaîne plusieurs nuits dans une suite gratuite", raconte La Voix du Nord. Son "rôle" dure plusieurs mois. Il multiplie ensuite les casquettes, jonglant entre financier, assureur, fils d'ambassadeur et étudiant en cinquième année de médecine.
Il récidive même en Australie, copiant son procédé belge et séjournant gratuitement pendant près de trois semaines sur Hamilton Island, un repaire de milliardaires. A sa disposition : une suite, un hélicoptère et un yacht. Inculpé pour escroquerie, il parvient à s'enfuir et se lance dans un périple de six mois à travers l'Asie jusqu'en France, sans passeport ni argent. Le tout en narguant la police australienne, comme le relate The Cairns Post. Il vit aujourd'hui entre la France et la Belgique, sans être inquiété par la justice.
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