Cet article date de plus de treize ans.

Sarkozy annonce une loi pour commémorer "tous les morts pour la France" le 11-Novembre

Cette année, Nicolas Sarkozy a rendu hommage à "tous les morts pour la France". FTVi revient sur ce qui va changer dans les célébrations.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy passe en revue les troupes devant l'Arc de Triomphe à Paris le 11 novembre 2010. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Après la mort du dernier vétéran connu de la Première Guerre mondiale, le 11-Novembre n'est plus le même. Pour la première fois, les cérémonies commémorant l'Armistice  de 14-18 ne rendront plus seulement hommage aux soldats de la Grande Guerre, mais à l'ensemble des soldats morts pour la France. Une sorte de Memorial Day en hommage aux vétérans de tous les conflits, comme il est célébré aux Etats-Unis. Le président Nicolas Sarkozy annonce vendredi 11 novembre le dépôt "dans les semaines qui viennent" d'un projet de loi visant à faire du 11-Novembre "la date de commémoration de la Grande guerre et de tous les morts pour la France".

Nicolas Sarkozy annonce un projet de loi pour commémorer "tous les morts pour la France" le 11 novembre (France Télévisions)

Quel est le but de cette journée du souvenir ?

Pour l'Elysée, il s'agit d'"éviter la fossilisation tout en rendant hommage au sacrifice des soldats français de toutes les guerres". Engagés dans les tranchées de 14-18, en Indochine, en Algérie, en Afghanistan, en Côte d'Ivoire… le chef de l'Etat a rendu hommage à "tous les soldats morts au combat" pour la France et en particulier à ceux décédés depuis un an au cours d'opérations extérieures. "Qu'il soit bien clair qu'aucune autre commémoration ne sera supprimée", précise le chef de l'Etat. Le président a aussi expliqué que "c'est dans le même esprit que sera entrepris à Paris la construction d'un monument dédié aux soldats morts en opérations extérieures, sur lequel leurs noms seront inscrits".

Comment Nicolas Sarkozy a fait évoluer le 11-Novembre ?

Jusqu'en 2007, la cérémonie était exclusivement consacrée au souvenir des 1,4 million de Poilus français morts durant la Première Guerre. Elle enchaînait dans un ordre immuable et à la minute près les dépôts de gerbes des corps constitués, puis celle du président de la République, suivie de la sonnerie du cessez-le-feu, de la sonnerie aux morts et de La Marseillaise, avant le ravivage de la flamme sur la tombe du Soldat inconnu.

Dès le premier 11-Novembre de son quinquennat en 2007, Nicolas Sarkozy bouscule le rituel en célébrant la construction européenne, un "rêve de paix". Le 11 novembre 2009, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel commémorent ensemble la fin de la Première Guerre mondiale. Et le 11 novembre 2010, le chef de l'Etat rend un double hommage aux milliers de jeunes Parisiens qui manifestèrent le 11 novembre 1940 contre l'occupation nazie et aux soldats musulmans morts pour la France pendant les deux guerres mondiales.

Une initiative appréciée ?

"C'est une belle idée dans la lignée du Soldat inconnu qui ne laisse pas de place à l'individu, mais qui renvoie à la communauté des morts", explique l'historien Emmanuel de Waresquiel au Figaro.

Interrogé par Europe 1, l'historien Stéphane Audouin-Rouzeau souligne la cohérence de l'initiative : "Entre la mort à la guerre en 14-18 et la mort aujourd'hui en Afghanistan, on se dit que ça n'a strictement rien à voir. Ce sont des phénomènes effectivement différents mais reliés par un fil : la mort à la guerre pour une nation." 

En revanche, le concept ne ravit pas les anciens combattants. Les anciens combattants d'Algérie craignent notamment la disparition de leur propre journée de commémoration. "Il y a différents conflits qu'il faut respecter, des dates historiques qu'il faut respecter. Le monde combattant dans sa totalité (…) n'est pas favorable à ce qu'il n'y ait qu'une journée du souvenir en France et que tous les conflits ne soient pas commémorés", explique Guy Darmian, président de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie, au micro de France Info.

Faut-il pour autant renoncer à un jour du souvenir ? Pour Guy Darmian, cela viendra "un jour peut-être, mais c'est trop tôt".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.