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La prison de Roanne, inaugurée mais pas prête

Le Premier ministre François Fillon inaugure un centre de détention à Roanne (Loire) avec la ministre de la justice Rachida Dati. Cet établissement fait partie du programme de construction lancé par la garde des Sceaux pour venir à bout de la surpopulation carcérale. Mais les conditions de "production" de ces établissements et leur qualité suscitent des interrogations.
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La garde des Sceaux a toujours clamé vouloir en finir avec la surpopulation carcérale. En juillet 2008, interrogée dans Le Monde, Rachida Dati s’explique : "Un programme sans précédent de 13 200 nouvelles places est engagé, c'est-à-dire 63 000 places disponibles en 2012. Cet objectif sera atteint, d’une part par la réalisation du programme de construction, et, d’autre part, par le développement des aménagements de peines".

Le "programme 13 200" est donc lancé, avec un système de partenariat public-privé (PPP) qui permet aux groupes de BTP de construire mais aussi de gérer ces établissements, l'Etat n'étant que locataire et sous contrat de location de 30 ans. Et il semblerait que ce système garantisse des marges confortables pour ces entreprises, mais un confort plus relatif pour les détenus de ces établissements flambants neufs, ou presque…

Le partenariat public-privé en question

Le 29 décembre, une panne d’électricité se produit à la prison de Mont-de-Marsan, tout juste inaugurée. Banal en apparence, si ce n’est qu’elle rend inopérantes toutes les mesures permettant d'assurer la sécurité des surveillants et des 87 détenus. Lesquels doivent être transférés. Alain Prache, directeur adjoint de l'Agence publique pour l'immobilier de la justice (Apij), évoque un "problème technique" dans une armoire électrique, dû "vraisemblablement à un défaut de fabrication des matériels". Le syndicat CGT-pénitentiaire juge dans un communiqué "anormal que ces établissements qui permettent à des prestataires privés des profits considérables connaissent des dysfonctionnements tels qu'ils mettent en péril la sécurité des personnels et des personnes détenues".

Dans la Loire, le nouveau centre pénitentiaire inauguré aujourd’hui par le premier Ministre et la garde des Sceaux, serait lui aussi victime de la légèreté du constructeur, le groupe Eiffage. Selon le quotidien Libération, qui avait visité le centre en décembre dernier, il "souffrirait de graves malfaçons". Le délégué syndical CGT de l’établissement, Sylvain Piron confiait à nos confrères, "La direction nous a demandé d’arrêter les tests de solidité. Cela cassait tellement de tous côtés qu’on n’avait plus les moyens techniques ni le temps de réparer".

Pendant ce temps, le directeur de l'Administration pénitentiaire, Claude d'Harcourt, qualifie de "situation préoccupante" le nombre des suicides en prison, 12 depuis le début de l'année.

Caroline Caldier avec agences

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