La naissance de <i>Pôle emploi</i> saluée par une grève ANPE-Assedic

ANPE-Assedic : cette fusion d’un organisme public et d’une entité privée gérée conjointement par patronat et syndicats, est en soi une révolution. Pôle emploi, dont la naissance intervient sur fonds de crise économique et de hausse du chômage, a le statut d’une "institution nationale publique" autonome même si Medef et syndicats continueront de décider seuls du mode d’indemnisation des chômeurs, au sein d’une Unedic réduite à peau de chagrin.

Objectif avoué de Pôle emploi : créer un service anti-chômage performant, et privilégiant "une culture du résultat" , selon les mots du secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez. En cela, le guichet unique s’inspire des "Jobcenters Plus" britanniques où, en contrepartie d’un service plus performant, les chercheurs d’emploi doivent rendre des comptes.

A Pôle emploi, le maître-mot sera l’individualisation. Un conseiller ne suivra désormais que 60 demandeurs d’emploi au maximum – et 30 pour les publics les plus fragiles – contre une moyenne de 80 aujourd’hui.

Des résultats immédiats et visibles

Et les responsables de cette nouvelle entité promettent "une amélioration visible" immédiate. Aujourd’hui pourtant, le bébé se résume à un simple numéro de téléphone unique (39 49) et au site internet pole-emploi.fr. Sans oublier une identité visuelle (logo, affiches etc.) dont la facture s'élève à 135.000 euros selon le gouvernement.

Pour l’installation du guichet unique, la tâche est considérable : l’ANPE, ce sont près de 30.000 agents répartis dans 824 agences. Les Assedic, 14.000 employés dans 639 antennes. La mise en place des référents unique va se faire progressivement, alors qu’aujourd’hui moins de deux chômeurs sur trois arrivent à être reçus le même jour pour leur inscription sur les fichiers de l’ANPE et des Assedic. Rarement au même endroit, et jamais par la même personne.

Une grève en guise de pendaison de crémaillère

Alors que Pôle emploi est plongé dès sa naissance dans l’œil du cyclone – avec la flambée du chômage, il va falloir former les personnels à deux métiers distincts – orientation-placement et indemnisation, avec une "culture du résultat" érigée en dogme. Sept jours de formation pour les employés Assedic, trois jours pour les agents ANPE : "largement insuffisant", préviennent les syndicats, qui ont appelé à la grève aujourd’hui pour la pendaison de crémaillère de leur nouvelle maison.

Le mouvement est suivi par 15% chez les ex-Assedic et 30% chez les ex-ANPE, selon le syndicat SNU. Avec une moyenne de 19% de grévistes, selon la direction de Pôle emploi.
_ Au-delà de la formation, les cinq syndicats dénoncent le manque de moyen pour traiter les dossiers en souffrance : avec la montée du chômage, il y a engorgement aux guichets et 60.000 dossiers seraient en attente.

Gilles Halais avec agences