La France court-elle un danger nucléaire ?
La tâche première des médias étant d'informer et non d'affoler, vous ne lirez pas ici que la France est en danger vis-à-vis de ses centrales nucléaires. Mais la demi-douzaine d'incidents s'étant produits depuis le 25 juin, dont quatre ces quinze derniers jours, rendent ces interrogations légitimes.
Des réponses que les citoyens seraient en droit d'attendre, voire un débat national comme viennent de le réclamer deux organisations, les écologistes de Greenpeace et les experts de la Criirad. Mais elles pourraient ne pas être entendues aussi rapidement qu'elles le souhaiteraient.
Pour plusieurs raisons. D'une part, la fin de la session parlementaire et les vacances des ministres pourraient retarder toute prise en considération. Les pouvoirs publics, qui ont montré par le passé leur capacité à rebondir sur des faits de société pour légiférer, seraient tentés cette fois d'attendre.
_ Ce qui renvoie à la deuxième raison, la communication "compliquée" et strictement encadrée autour du nucléaire. On a par exemple appris aujourd'hui seulement un incident survenu le 25 juin à la centrale de Cruas (Ardèche).
900 incidents par an
De manière générale, d'ailleurs, les associations travaillant sur ces questions ne semblent pas faire une entière confiance aux autorités. D'où, par exemple, les prélèvements "parallèles" réalisés dans les nappes et cours d'eau après la fuite sur le site du Tricastin.
"Ces incidents démontrent qu'au-delà des incantations, le nucléaire qu'on nous présente comme une énergie propre et sûre reste une énergie polluante, dangereuse et mal maitrisée", écrit Frédéric Marillier, chargé de la campagne sur le nucléaire et
énergie de Greenpeace France.
La Criirad, de son côté, affirme recevoir de plus en plus d'alertes d'employés du nucléaire qui dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et les manquements aux normes et règles de sécurité.
Chaque année en France, environ 900 incidents ou accidents sont déclarés et classés en fonction de leur gravité. Mais la plupart ne sont, officiellement en tous cas, pas considérés comme présentant un danger. Le dernier cas problématique remontant à 1980, avec l'endommagement en 1980 du réacteur A1 de la centrale
de Saint-Laurent.
Matteu Maestracci
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