La Commission d'enquête sur les crèches décrit un système "à bout de souffle" dans son rapport

Ce texte, adopté lundi, pointe les incitations financières à "accueillir le plus d'enfants possible". Le vice-président LFI de la commission, William Martinet, a publié un contre-rapport qui met en cause l'ouverture du secteur au privé.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La Commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les crèches a adopté son rapport, le 27 mai 2024. (SEBASTIAN KAHNERT / DPA / AFP)

"Complexité kafkaïenne, sous-financement chronique, insatisfaction des usagers et des personnels, multiplication des dérogations..." La Commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les crèches décrit un système "à bout de souffle", que ce soit dans le public ou le privé, dans son rapport adopté lundi 27 mai. "C'est le modèle économique et les règles de fonctionnement des crèches qui ont contribué à établir un cercle vicieux de la défaillance", a détaillé la députée Renaissance Sarah Tanzilli, rapporteure du texte.

Après la parution en septembre de deux livres-enquêtes mettant en cause les crèches privées, Le prix du berceau et Babyzness, La France insoumise avait obtenu en novembre, contre l'avis des groupes Les Républicains et Renaissance, la création de cette commission chargée d'enquêter sur le modèle économique des crèches et la qualité d'accueil du jeune enfant. Le vice-président LFI William Martinet a d'ailleurs publié de son côté un contre-rapport.

Les pouvoirs publics ont mis l'accent sur la quantité de places plutôt que la qualité d'accueil, selon Sarah Tanzilli. "Les travaux ont démontré que les défaillances identifiées n'étaient pas la conséquence de l'ouverture du secteur des crèches au secteur privé ou de l'influence des fonds d'investissement." Un "cercle vicieux de la défaillance" s'est installé, poursuit-elle, et face au manque de personnel, les pouvoirs publics ont "allégé les taux d'encadrement".

Des difficultés sur les places et le personnel

Le financement incite à "accueillir le plus d'enfants possible" dans une crèche. Cela dégrade les conditions de travail et pousse à quitter le métier. Avec in fine moins de berceaux : 10 000 places sont "gelées" en France faute de personnel, explique la députée Renaissance. Selon elle, des problèmes liés à la qualité d'accueil s'observent partout, dans le privé (un quart des quelque 500 000 places) comme dans le public (la moitié) ou l'associatif (un quart).

Pour William Martinet au contraire, "les travaux ont fait la démonstration des effets néfastes des crèches privées lucratives" : 93% des 26 fermetures administratives de crèches en 2023 ont eu lieu chez des gestionnaires privés lucratifs, a-t-il expliqué à la presse.

Le rapport adopté par la commission préconise de ramener le taux d'encadrement à un adulte pour cinq enfants (un pour six actuellement) d'ici à 2027, et un pour quatre pour 2032. "De belles promesses sans moyens pour augmenter les salaires, et donc qui ne verront jamais le jour", grince le député LFI William Martinet.

Passer d'un adulte pour six enfants à un pour cinq équivaudrait à recruter 25 000 professionnels supplémentaires, pour un coût d'un milliard d'euros par an, ou à fermer 70 000 places, estime Elsa Hervy, déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches, auprès de l'AFP.

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