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La Cité de l'immigration occupée depuis plus de 40 jours par des sans papiers

Plus de 40 jours après le début de l'occupation de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration à Paris, des bénévoles se relaient pour monter des dossiers permettant la régularisation de sans-papiers qui ont transformé la grande salle des fêtes en immense dortoir.
Article rédigé par franceinfo
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“Les négociations avec le gouvernement progressent, mais il est trop tôt pour pouvoir prédire la fin de l'occupation”, a déclaré Francine Blanche, porte-parole de la CGT, qui fédère ce mouvement.
Les murs de l'édifice, pour certains recouverts de fresques vantant l'empire colonial français, abritent dans la journée un lieu de réunions, de concours de baby-foot et se transforme en immense dortoir la nuit.
L'occupation ne concerne pas les étages, où se trouvent les collections et la cité, située Porte Dorée (XIIe arrondissement), reste ouverte au public.
“On a eu des discussions au cabinet du ministère de l'Immigration les 10 et 12 novembre, on a un texte et des engagements verbaux qui pourraient permettre de sortir du conflit,” poursuit Francine Blanche.
“ Pour obtenir des papiers, le gouvernement exigeait que les sans-papiers fassent la preuve qu'ils avaient travaillé 12 mois au cours des 18 derniers mois, ou 12 mois sur les deux dernières années pour les intérimaires, mais cela n'était pas possible pour les 6.804 grévistes dont nous nous occupons ici, qui ont arrêté le travail en octobre 2009”, explique Mme Blanche.
_ “Après de longues négociations, nous avons obtenu que ces périodes de 12 mois de travail sur 18 mois concernent les périodes précédant la grève commençant en octobre 2009, ce qui a permis de débloquer la situation”, ajoute Mme Blanche.

C'est ainsi que des dizaines de bénévoles se relaient pour construire des dossiers. Le premier document exigé est la carte spéciale prouvant qu'on fait partie des 6.804 grévistes, “afin de ne pas devoir accueillir continuellement de nouveaux cas” explique un bénévole. Le demandeur doit aussi fournir une série de documents, notamment un passeport valide, des fiches de paye...
“Nous avons beaucoup de gens qui travaillaient sous le nom d'une personne disposant d'un permis de séjour, dans ce cas, nous devons recueillir une déclaration de cette personne”, explique un bénévole.

Sur toute la France, selon la CGT, un millier de dossiers ont déjà été envoyés aux préfectures et 2.000 dossiers sont prêts. “Mais nous n'avons obtenu que 500 récépissés” (qui permettent d'avoir un permis de séjour de trois mois, puis d'un an, NDLR), “ça ne va pas assez vite”, explique Mme Blanche.
A Paris, 1100 grèvistes occupent la cité de l'immigration.Depuis l'occupation des lieux, 442 dossiers ont déjà été traités.

_ Selon une source proche du gouvernement, “s'il n'y a eu à ce jour qu'un
millier de dossiers déposés, c'est parce que les autres sans-papiers n'arrivent pas à monter des dossiers, preuve qu'ils travaillaient au noir sans fiche de paye, et donc qu'ils n'ont pas vocation à être régularisés”.
“Chaque fois que quelqu'un obtient un récépissé, c'est un occupant en
moins”, explique Adama Kane, ouvrier sénégalais travaillant dans une imprimerie et récemment régularisé. “Maintenant, j'ai la liberté, je peux aller partout sans avoir peur”, explique-t-il.

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