L'idée du gouvernement d'héberger de force les SDF provoque un tollé
Après la mort ces derniers jours de trois sans-abris dans le bois de Vincennes, où une centaine de personnes vivent dans des habitats précaires, et d'un autre hier soir dans une camionnette à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), la ministre du logement, Christine Boutin a proposé hier matin de "lancer une réflexion pour voir si on ne pourrait pas rendre obligatoire l'hébergement des personnes sans abri quand la température devient trop froide en France".
Une initiative soufflée par le président de la République lui-même. Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a indiqué que le chef de l'Etat avait insisté sur le sujet pendant le conseil des ministres.
En marge d'un déplacement aujourd'hui en Gironde, François Fillon a d'abord semblé contredire sa ministre , comme quoi il n'était "pas question d'obliger" les SDF, avant de préciser sa pensée :
_ "On est attaché à la liberté de chacun, il n'est pas question de
revenir sur ces principes, mais (...) à certains moments, notamment
dans les grands froids, il y a un devoir d'assistance à personne en
danger".
Les associations d'aide aux sans-abri se sont immédiatement insurgées contre cette idée d'un hébergement obligatoire. "C'est du 'cache misère', elle veut les contraindre en période hivernale dans des gymnases, des salles municipales, mais avec quel accompagnement et quelle optique surtout ?", a lancé Augustin Legrand. Le chef de file des Enfants de Don Quichotte, qui a réitéré sa demande d'un plan renforcé pour les sans-abri et le logement social, a souligné que le gouvernement était loin des objectifs annoncés.
Le président d'Emmaüs France, Christophe Deltombe, s'est déclaré pour sa part "totalement hostile à des décisions de contrainte, sauf lorsque la vie des personnes est en jeu." "On ne peut pas contraindre des personnes de cette manière, on doit respecter la liberté des gens", a-t-il ajouté en réclamant "des solutions pérennes", en particulier pour les SDF du bois de Vincennes.
Hier soir, le Haut commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, a été bousculé lors d'une cérémonie organisée par le collectif "les morts dans la rue" dans le centre de Paris, en hommage aux 150 personnes décédées dans la rue au cours des six derniers mois.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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