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L'exorcisme ressuscite-t-il chez les catholiques ?

Le Vatican vient de reconnaître l'Association internationale des exorcistes, alors que de nombreux diocèses évoquent une augmentation du nombre de cas de "possession démoniaque".

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le père Gabriele Amorth, fondateur de l'Association internationale des exorcistes, lors d'une conférence le 10 octobre 2005 à Rome (Italie). (GIULIO NAPOLITANO / AFP)

Le diable n'a qu'à bien se tenir. L'Association internationale des exorcistes a été reconnue par le Vatican le 13 juin, révèle jeudi 3 juillet l'Osservatore Romano, le journal officiel du Saint-Siège. En officialisant l'existence de ce groupe de 250 prêtres répartis dans 30 pays, l'Eglise catholique assume son soutien à une pratique qui fait débat au sein même de sa communauté. Est-ce le grand retour de l'exorcisme ?

Non, c'est une pratique qui a toujours existé

"L'exorcisme est une tradition multiséculaire de l'Eglise catholique, auquel Jésus a fréquemment recours dans le Nouveau Testament", explique Eric Vinson, chercheur et journaliste spécialiste des religions. Le rituel, qui ne peut être exécuté que par des prêtres spécialement formés, revient à "chasser le mal" des personnes "possédées".

Mais ces séances sont généralement moins spectaculaires que dans le célèbre film L'Exorciste, explique l'hebdomadaire catholique La Vie. Imposition des mains, bénédiction, prières, utilisation d'eau bénite… Toutes les étapes du rituel sont précisées dans Des exorcismes et des prières qui s'y rapportent, sorte de manuel destiné aux chasseurs de démons de l'Eglise. Le Saint-Siège l'a remis à jour en 1999, afin de laisser de côté les injonctions à Satan au profit d'un plus grand nombre de prières à Dieu. Le Vatican a en outre établi une liste de "symptômes" signalant une possession démoniaque, comme parler des langues inconnues, démontrer une force physique supérieure à la normale ou multiplier les blasphèmes.

Oui, les demandes se multiplient 

Les exorcismes ne sont pas aussi rares qu'on pourrait le croire : depuis quelques années, les requêtes venant de croyants convaincus d'être "possédés" se multiplient. A Paris, plus de 1 500 demandes de rendez-vous sont enregistrées chaque année, rapportait La Croix en 2010. On compte aujourd'hui plus de 120 prêtres exorcistes en France, selon Le Monde (article payant), contre une trentaine dans les années 1980. Le prêtre chargé du rituel dans le diocèse de Perpignan déclarait ainsi en 2012 au Figaro (article payant) qu'il avait réalisé plus de 900 exorcismes en six ans, à raison de quatre à cinq séances d'une heure et demie chaque jour. Pour faire face à la demande, l'Eglise française a doté chacun de ses diocèses d'au moins un prêtre exorciste. 

La plupart des demandes d'exorcisme n'aboutissent toutefois à rien de plus qu'une discussion. "Ces prêtres sont le plus souvent confrontés à des personnes souffrant de problèmes psychiques ou psychiatriques, qui pensent être victimes de possession démoniaque", souligne Eric Vinson. Soucieux d'éviter toute polémique, le Vatican a demandé aux exorcistes de ne pratiquer le rituel que s'ils sont certains que la demande ne provient pas d'une personne atteinte de troubles mentaux. Le site du diocèse de Paris met par ailleurs en garde contre les personnes "non mandatées par l'Eglise catholique" et qui se présenteraient comme des exorcistes.

Oui, le pape assume cette pratique 

"L'exorcisme fait partie des attributions standards des diocèses", explique Eric Vinson, pour qui l'Eglise ne fait "qu'officialiser une position ancestrale" en reconnaissant l'Association internationale des exorcistes. Le groupe a été fondé en 1991 par le père Gabriele Amorth, célèbre chasseur de démons du Saint-Siège, alors qu'"un nombre croissant de fidèles en danger ou menacés se tournaient vers les exorcistes", rapporte Radio Vatican.

Néanmoins, on peut noter que le pape François fait plus souvent référence au "diable" et au "malin" que ses prédécesseurs. Le souverain pontife, qui a un profond respect pour les formes de dévotion populaires, insiste ainsi fréquemment sur la nécessité de lutter contre l'influence néfaste de Satan par tous les moyens possibles.

François aurait même réalisé un exorcisme l'année dernière durant la messe de la Pentecôte. Alors qu'il traversait la foule, place Saint-Pierre à Rome, il avait apposé ses mains sur la tête d'un Mexicain en fauteuil roulant, possédé par "quatre démons", selon le prêtre qui l'accompagnait. Puis il avait appuyé sur le crâne de l'homme, qui s'était affaissé. Une scène étrange, que de nombreux observateurs avaient interprétée comme un exorcisme. Le Vatican avait alors formellement démenti, évoquant simplement une intense prière pour "aider une personne malade".

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