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L'Etat français et Spie poursuivis pour crime contre l'humanité

Le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) a assigné ce mardi l'Etat et le groupe Spie, pour "crime contre l'humanité". Il les accuse d'avoir recouru au travail forcé au Congo, dans les années 20, pour construire la ligne ferroviaire Congo-Océan.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

La France a-t-elle utilisé des esclaves pour construire une ligne de chemin
de fer au Congo dans les années 20 ? La justice française va devoir se
pencher sur la question car le Conseil représentatif des associations noires de
France (Cran) a assigné ce mardi l'Etat et le groupe Spie Batignolles (chargé
des travaux) pour "crime contre l'humanité ".

Les travaux ont eu lieu entre 1921 et 1934 pour le compte de l'Etat. La ligne
ferroviaire Congo-Océan (CFCO), reliait Brazzaville au port de la Pointe-Noire
(500 km). Selon l'historien Olivier Le Cour Grandmaison "des civils ont été embarqués de force pour
alimenter les chantiers
", expliquant, qu'"au moins 17.000 indigènes sont morts en raison des conditions de
transport et de travail
". Il estime que "l'essentiel des infrastructures réalisées dans les colonies l'ont été
en recourant au travail forcé, qui a vraisemblablement concerné des millions de
personnes
".

Esclavage déguisé

L'association agit sur la base de la loi Taubira de 2001 qui qualifie l'esclavage
de crime contre l'humanité et le rend imprescriptible. "Nous demandons au
président du TGI de nommer un collège d'experts judiciaires aux frais de Spie
pour évaluer l'ampleur du préjudice subi
", a expliqué Me Norbert Tricaud,
avocat de l'association.

Le Cran
demande aussi la création "d'un
fonds d'indemnisation des victimes
", qui finance un travail de mémoire.
Selon son président, Louis-George Tin, "le travail forcé était de l'esclavage déguisé ". Le travail
forcé n'a été interdit qu'en 1946 par une loi portée par Félix Houphouët-Boigny,
le futur président ivoirien.

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