L'enseignement catholique mobilise contre le mariage pour tous
On a connu l'enseignement catholique rétif à s'exprimer. Depuis
dix jours, son secrétaire général, Eric de Labarre, explique pourquoi l'institution
dont il a la charge a entendu sortir du silence qui, d'ordinaire, la
caractérise, pour prendre position contre le projet de loi qui ouvre le mariage aux couples du même sexe.
Prendre des "initiatives " "localement
adaptées "
"Toutes les options individuelles n'ont pas à être
instituées, au risque d'ébranler des références sociales aussi fondamentales
que le mariage, union d'un homme et d'une femme, et la famille, cellule de base
où la responsabilité éducative est exercée par un père et une mère ", expliquait-il
ainsi le 14 décembre dans un communiqué adressé à la presse. Un jour plus tôt, il l'adressait aux responsables des 8.300 établissements catholiques, en les invitant, dans une lettre qui l'accompagne, à "prendre les initiatives qui leurs paraissent
localement les plus adaptées " pour "permettre à chacun l'exercice d'une liberté
éclairée à l'égard des choix aujourd'hui envisagés par les pouvoirs publics ".
" Un très grave
contresens dont les enfants seraient les premiers à pâtir " (Eric de Labarre)
Considérant que "pour la construction de l'identité
et la personnalité de chaque enfant ", "la reconnaissance de
la différence sexuelle et le droit d'accéder à ses origines et à sa propre
histoire " étaient "essentiels" , le mariage pour tous serait, estime-t-il, "un très grave
contresens dont les enfants seraient les premiers à pâtir ". Ceci
fait, il appelle donc les membres de sa communauté éducative à "prendre
part " "en conscience et clairvoyance " au débat. En
un mot, à prendre position, après les premiers rassemblements de soutien au projet de loi. Et avant ceux, à venir, de ses opposants.
Un appel déguisé à venir manifester contre le projet ?
Voire un peu plus, estiment certains, ulcérés. Parmi eux, Sundep-Solidaires, un syndicat d'enseignants
du privé. "Sous couvert de "l'intérêt supérieur des enfants qui
[leur] sont confiés", le secrétaire
général de l'Enseignement catholique demande aux chefs d'établissement de "prendre
les initiatives"... ", dénonce le syndicat dans un communiqué.
En
rappelant au passage qu'il était, selon lui, contraire à la liberté de
conscience "d'organiser tout débat, de demander aux élèves, personnels
de se positionner sur des sujets qui relèvent de leurs choix privés" , estimant à ce propos que "ce type d'initiative est aussi porteur d'exclusion
des personnels et enfants qui ne rentrent pas dans le schéma sexuel stéréotypé
porté par l'église catholique ". Le syndicat cite ainsi au renfort de
sa démonstration l'article L.122-45 du code du Travail, au terme duquel "... aucun salarié ne peut être sanctionné ou licencié en raison de [...] ses
opinions politiques, de ses activités syndicales [...], de ses convictions
religieuses [...]".
** En toile de fond, la crainte que cet appel à prendre
position soit une incitation déguisée à venir manifester le 13 janvier à Paris,
avec les autres opposants au projet de loi.
Des préparations à la confirmation annulées le 13 janvier
Eric de Labarre assure de son côté
qu'il n'en est rien : "On n'appelle pas à manifester, on pose un
cadre. Puisqu'il n'y a eu aucun débat, c'est de notre responsabilité d'éducateurs
d'aider à la prise de conscience pour que chacun se détermine. Même en
primaire, doit-on répondre à un gamin de sept ans que c'est une affaire d'adultes ?
Je ne crois pas".
Pourtant,
selon nos confrères du Parisien qui recueillaient les propos du secrétaire
général, par endroits, c'est bien comme un appel à la mobilisation que le communiqué
a été lu : des préparations à la confirmation auraient ainsi été annulées
le 13 janvier pour permettre à parents et enfants de manifester.
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