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L'alcool, première cause d'hospitalisation en France

Un bond de 30 % en trois ans (2009-2011) : chaque année, 400.000 Français sont admis aux urgences dans un état alcoolique, selon un rapport d'étape, alarmant, de la Société française d'alcoologie. Le phénomène touche de plus en plus de jeunes, notamment chez les femmes. Et l'hôpital n'a pas de réponses adaptées.
Article rédigé par Gilles Halais
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Maxppp)

L'étude n'est pas encore bouclée,
mais la tendance est suffisamment lourde pour que la Société française d'alcoologie
accepte de communiquer. De plus en plus de Français finissent aux urgences à
cause de l'alcool : 400.000 par an, soit un bond de 30 % entre 2009 et 2011.

Les séjours courts (moins de deux jours) qui concernent généralement des
personnes en train de basculer dans l'alcoolisme, bondissent même de 80 % sur
la même période. Le signe que "l'hôpital ne propose pas de soins
adaptés à ces patients, parce qu'on n'est pas organisé pour, on n'a pas les
moyens pour",
regrette le professeur Michel Reynaud, chef du service de
psychiatrie et d'addictologie à l'hôpital Paul Brousse de Villejuif
(Val-de-Marne) et coauteur de cette enquête.

"Une fête où il n'y a pas de
personnes ivres n'est pas une bonne fête [...] Et il n'y a plus de tabou à
l'ivresse féminine, qui fait au contraire l'objet de promotion sur les sites
jeunes"

Encore plus alarmant : le
professeur Reynaud évoque au micro de France Info "une augmentation
considérable des alcoolisations graves chez les jeunes, notamment chez les
jeunes femmes".
Ces états  "entraînent,
de plus en plus tôt, des comas éthyliques, des hépatites aigues, des
pancréatites aigues ou des violences",
poursuit le médecin. Un
phénomène "en grande partie lié à l'autorisation de la publicité pour
l'alcool sur internet"
mais aussi "à la banalisation, à la normalisation
et même la valorisation de la cuite dans les groupes de jeunes",
se
désole le professeur Reynaud.

Résultat : l'alcoolisation devient
une des premières causes médicales d'hospitalisation : presque deux fois plus (1,7)
que les problèmes liés au diabète, et trois fois plus que les problèmes
artériels.

Cinq ans après sa mise en place, les pouvoirs publics viennent pourtant de
couper les vivres du Plan addiction : "Depuis 2012, il n'y a plus de
crédits et il n'y en aura pas cette année. Et quand on voit l'augmentation de
la pathologie, ce n'est pas au milieu du gué que l'on est, c'est au tout début
du chemin",
s'alarme le professeur Reynaud.

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