L'addiction au jeu décryptée
Selon l'expertise de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), la France souffre de nombreuses lacunes dans la prévention du phénomène de jeu dit "pathologique".
_ Cette enquête de l'Institut établit en substance que le jeu est une addiction, comme l'alcool par exemple, ou le tabac. Et face à un tel fléau, notre pays serait très en retard en matière de lutte et d'encadrement.
On sait notamment qu'en 2006, près de 30 millions de personnes ont tenté leur chance en France, au moins une fois au cours de l'année, à un jeu de hasard et d'argent. Mais si une grande majorité s'y adonne de façon ponctuelle et "récréative", une proportion importante de joueurs développent une conduite addictive pouvant se répercuter sur la vie familiale ou socio-professionnelle.
Or, que fait la France ? On imagine la délicate position de l'Etat au moment d'endiguer, ou de tenter de le faire, un phénomène qui rapporte un argent considérable. Mais l'urgence est bien là, selon les experts :
_ "Les lacunes en matière de recherches sur le jeu et la socialisation ludique
contemporaine, l'absence d'études systématiques et pluridisciplinaires,
l'hétérogénéité des mesures entreprises, différentes instrumentalisations et
actions lobbying ont empêché la mesure objective des conséquences de
l'exploitation des jeux d'argent".
D'où cette "enquête nationale de prévalence" que le groupe d'experts appelle de ses voeux, pour prendre la mesure du problème. Il recommande également des messages d'information sur les risques d'addiction liés aux jeux, et des liens sur internet vers les sites d'information équivalents. Mais aussi de "développer plusieurs lieux de répérage et de prise en charge des joueurs à problème".
Chiffre édifiant, le chiffre d'affaires de l'industrie des jeux autorisés est passé de 98
millions d'euros en 1960 à 37 milliards d'euros en 2006 selon cette même étude.
Matteu Maestracci
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