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Zones de sécurité prioritaires : ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas

Manuel Valls et Christiane Taubira visitent à Lyon une ZSP, huit mois après leur création. Francetv info s'est penché sur les résultats de ces dispositifs.

Article rédigé par Clément Martel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, lors d'un déplacement dans la Zone de sécurité prioritaire d'Amiens-Nord, le 5 avril 2013. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Faire reculer l’insécurité appartenait aux promesses de campagne de François Hollande. Pour répondre à l’embrasement des quartiers nord d’Amiens (Somme), en août, les Zones de sécurité prioritaires (ZSP) ont été mises en place en urgence le mois suivant. Manuel Valls et Christiane Taubira se déplacent, lundi 13 mai, à Lyon (Rhône) pour dresser un premier bilan de ces laboratoires. 

Censés améliorer la sécurité dans un quartier "sensible", les 64 ZPS sont actuellement principalement situées dans le nord et dans le sud du pays, dans le bassin grenoblois et en région parisienne. Dirigée par le préfet et le procureur de la République, une ZSP coordonne policiers, gendarmes et CRS dans le quartier, ainsi que la police judiciaire et les renseignements. L'accent y est également mis sur la prévention de la délinquance, avec le concours des élus locaux et des différents partenaires concernés : police municipale, associations, éducation nationale et administration fiscale. Les services de l'Etat se doivent ainsi de travailler en partenariat étroit avec les divers acteurs de ce territoire.

Les réussites des ZSP

Faire du sur mesure, l'objectif du ministre. C'est le principe phare des ZSP, selon Manuel Valls : chaque ZSP a des objectifs propres, adaptés aux problématiques de la zone où elle est implantée. Et le ministre de l’Intérieur se félicite, le 13 mai, dans Le Parisien (article abonnés) des premiers résultats obtenus. "A Amiens, les violences urbaines ont reculé de 32 %. Dans le Gard, ce sont les cambriolages qui ont baissé de 28 %." A Barbès, un quartier sensible de la capitale, la préfecture de police de Paris a, elle aussi, pointé les "résultats probants", notamment dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et les vendeurs à la sauvette. Pour le ministre, ces chiffres "confirment que la méthode est bonne".

Impliquer différents services. Par ailleurs, les ZSP initient une collaboration plus efficace entre les différents services impliqués dans la sécurité. Si Manuel Valls admet que "des progrès peuvent encore être faits pour rendre plus performante la chaîne pénale", il voit dans ces structures "des laboratoires de bonnes pratiques applicables partout".

Augmenter l'efficacité avant les effectifs. Si les effectifs policiers n’ont pas grossi, le ministère de l’Intérieur a mis l’accent sur un quadrillage du territoire des ZSP, pour rendre la police plus visible et plus efficace. Et le résultat est tangible dans les quartiers concernés, a constaté Libération. En outre, conformément à l'engagement de François Hollande de créer 500 emplois par an parmi les forces de l'ordre, le ministre de l’Intérieur a annoncé que 270 policiers et gendarmes seraient bientôt affectés dans certaines ZSP, pour renforcer leur efficacité.

Les limites des ZSP

Les zones difficiles accusées d'être déportées. Selon des riverains et le syndicat de police Alliance, l’action dans les Zones de sécurité prioritaires ne fait que reporter le problème vers les quartiers qui les entourent. Ainsi, le syndicat, qui dénonçait un "manque de concertation" lors du lancement de ces dispositifs, rappelle Le Figaro, affirme que la délinquance s'est "déplacée" un peu plus loin, mais que les problèmes demeurent.

Ce report des méfaits est un argument souvent entendu, que le préfet de police de Paris rejette. Pour Bernard Boucault, "la délinquance ne se transfère pas facilement ailleurs". Manuel Valls parle lui d’un "phénomène limité", rappelant par ailleurs que "rien n’empêche l’action de la police de dépasser les frontières de la ZSP". Il ne s’agit pas de "zones de sécurité exclusives, soutient-on place Beauvau. La priorité est assumée sur des quartiers difficiles, mais ça ne veut pas dire qu'on lâche les quartiers alentours".

L'échec des zones les plus récentes. Les résultats des ZSP ne sont pas probants partout. Malgré leur classement, les quartiers nord de Marseille continuent d’être en proie aux règlements de compte meurtriers. "Combattre une délinquance enracinée prendra du temps", se défend Manuel Valls, qui refuse que son action soit jugée uniquement à l’aune de la cité phocéenne. Le ministre de l’Intérieur insiste pour que l’action des ZSP soit inscrite dans le temps dans certains secteurs, comme à Marseille ou en Seine-Saint-Denis.

Les zones de sécurité prioritaires sont-elles efficaces ? (A-C. Poignard, N. Metauer, P. Goldmann / France 2)

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