Un juré condamné pour avoir violé "le secret du délibéré"

Après les heures de débat devant la Cour d'assises en
novembre 2010, Thierry Allègre avait eu des doutes sur la culpabilité d'un agriculteur
accusé du viol d'un mineur et voulait le faire savoir lors du délibéré en
votant blanc.

Mais d'après lui, la présidente de la cour ne l'a pas accepté et
a demandé un vote à main levée, ce qui n'est pas permis. Résultat, alors que
beaucoup de jurés, d'après lui, doutaient également de la culpabilité, l'agriculteur
a été condamné à cinq ans de prison, dont deux avec sursis.

"Levez-vous et criez ! "

Six mois plus tard, Thierry Allègre craque. Il décide
d'abord d'écrire à la magistrature pour dénoncer les conditions du délibéré mais
sa lettre reste sans réponse. Il donne alors un entretien à la presse pour
raconter son histoire. C'est, d'après l'article 304 du code de procédure
pénale, une "violation du secret du délibéré ". Devant le tribunal
correctionnel de Meaux, le chef cuisinier a donc écopé ce jeudi de deux mois de
prison avec sursis.

"Malheureusement, je m'y attendais un peu. Je n'ai pas
de colère, je suis simplement écrasé par un système ". Il a notamment
dénoncé l'impréparation des jurés populaires. "Aux milliers de jurés, je
dis : vous avez le droit de voter blanc et personne ne peut vous dire le
contraire. Si vous vous apercevez qu'il y a des manipulations et des lois qui
sont bafouées, n'hésitez pas et faites comme moi, levez-vous et criez! "